Devant l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire a défendu son bilan économique tout en critiquant violemment ses opposants. Le décalage avec une gestion économique largement critiquée devient criant.
Bruno Le Maire : il ose tout, c’est à ça qu’on le reconnaît
Le 12 décembre 2024, Bruno Le Maire, ancien ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, a été auditionné par la commission des finances de l'Assemblée nationale. Dans ce cadre, il a défendu son bilan et attaqué ses critiques, tout en publiant un message cinglant sur X. Si ses mots se veulent forts, son bilan économique, lui, demeure largement contesté. Bruno Le Maire est-il en mesure de donner des leçons d'économie ?
Un discours sous haute tension
Face aux députés, Bruno Le Maire a livré une série de déclarations visant à rejeter la responsabilité des déficits sur ses opposants. Il a affirmé qu'« Il ne faut pas chercher le chat qui dort. Je ne veux embêter personne, mais il ne faut pas me reprocher des choses injustes et fausses. » D’après lui, les critiques politiques et le manque de soutien pour des réformes budgétaires ambitieuses ont empêché la réduction des dépenses publiques.
Bruno Le Maire a même fustigé l'Assemblée nationale pour son inconséquence budgétaire, ce qui a étonné un certain nombre de Français. « Cette assemblée taxe, dépense, censure. [...] Elle a depuis longtemps perdu le sens des réalités économiques et budgétaires. » L'ancien ministre y critique l'incapacité des parlementaires à adopter des réformes nécessaires pour le redressement des finances publiques.
Je vais être bref.
Car le débat sur le budget 2025 et la motion de censure du gouvernement ont fait tomber les masques : cette assemblée ne veut pas réduire les dépenses publiques, cette assemblée ne veut pas réduire la dette, cette assemblée ne veut pas de plan sérieux de… pic.twitter.com/bPvgpssyuV
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) December 12, 2024
Un bilan économique sous le feu des critiques
Les reproches de Bruno le Maire sont justes : l'Assemblée nationale n'est pas prompte à proposer les réductions de dépenses dont la France a cruellement besoins. Il n'est cependant pas certain qu'il soit le mieux placé pour jeter la première pierre, ni même la dixième.
Malgré sa défense acharnée, le bilan économique de Bruno Le Maire reste difficile à défendre. La dette publique française s'élève à 3 250 milliards d'euros, soit environ 112 % du PIB, un record historique. Les déficits annuels ont persisté, dépassant souvent les seuils européens recommandés.
Voici un tableau illustrant les principaux indicateurs sous sa gestion :
Année | Déficit public (en % du PIB) | Dette publique (en % du PIB) | Croissance économique (%) |
---|---|---|---|
2020 | 9,2 % | 115 % | -8,0 % |
2021 | 6,5 % | 112 % | 6,8 % |
2024 (prévu) | 5,2 % | 112 % | 1,0 % |
Ces chiffres montrent une incapacité à stabiliser durablement les finances publiques malgré des annonces répétées de réformes.
Des économies dans des secteurs déjà à l'os
Lors de l’audition, Bruno Le Maire a insisté sur sa rigueur : « Depuis janvier 2024, j’ai pris des décisions impopulaires pour réduire les dépenses, comme la sortie du bouclier tarifaire sur l’électricité. » Cependant, ces décisions arrivent tardivement et ont été souvent décriées comme inadaptées, voire contre-productives. Par exemple, la hausse des franchises médicales a suscité un tollé social.
En revanche, Bruno Le Maire ne s'est guère attaquée aux gabegies qui règnent, notamment dans la bureaucratie, les subventions aux médias, les subventions aux associations, etc. Pour qui veut réellement faire des économies, les idées sont peu difficiles à trouver, par dizaines de milliards. Nul n'est besoin de couper à des Français dont le pouvoir d'achat est réduit à peau de chagrin des aides qui ne sont guère que des miettes comparées à ce qu'on leur prend par ailleurs.
Bruno Le Maire, un ministre mal placé pour donner des leçons
Bruno Le Maire, qui critique vertement les choix budgétaires de l’Assemblée, a lui-même supervisé certains des dérapages les plus marquants des finances publiques. Contrairement à l’Allemagne ou à l’Italie, la France a vu sa base industrielle s’effondrer, passant de 20 % à 10 % du PIB. Une situation que Bruno Le Maire qualifie d'« erreurs fatales », tout en oubliant qu'il a occupé des postes-clés pendant ces déclins.
Voici une comparaison avec les pays voisins :
Pays | Part de l'industrie dans le PIB (2024) | Dette publique (en % du PIB) |
---|---|---|
Allemagne | 24 % | 65 % |
Italie | 19 % | 144 % |
France | 10 % | 112 % |
Ces chiffres montrent que, malgré ses critiques, la France reste à la traîne sur plusieurs indicateurs cruciaux.