Ce vendredi 13 décembre 2024, Emmanuel Macron, président de la République française, devrait enfin dévoiler le nom du successeur de Michel Barnier au poste de Premier ministre.
Premier ministre : la nomination imminente relance les clivages politiques
Emmanuel Macron est attendu au tournant, notamment après le revers subi par Michel Barnier, censuré par l’Assemblée nationale. Le président cherche à maintenir l’équilibre entre réformes ambitieuses et concessions nécessaires à une majorité parlementaire.
L'opposition pose ses conditions pour le choix d'un Premier ministre
Depuis dix jours, l’annonce du nom du futur chef de gouvernement se fait attendre. Alors qu’Emmanuel Macron avait promis une désignation rapide, il a prolongé les consultations avec différents acteurs politiques, incluant les principaux partis à l’exception notable du Rassemblement National (RN) et de La France Insoumise (LFI). Une stratégie, selon certains observateurs, pour tâter le terrain et minimiser les risques d’une opposition trop vive.
L’opposition, elle, ne cache pas son agacement. Le RN et LFI dénoncent des discussions menées dans leur dos, tandis que le Nouveau Front Populaire, coalition de gauche, affiche de profondes divisions sur la participation au futur gouvernement. Le Parti Socialiste (PS) a prévenu qu’il exclurait tout membre qui rejoindrait une administration non alignée à gauche.
Ce que veulent les Français de leur Premier ministre$
Un sondage réalisé par l’institut Elabe pour BFMTV révèle que 41 % des Français souhaiteraient un Premier ministre issu de la société civile ou du monde de l’entreprise. Cette préférence traduit une volonté de renouvellement et un rejet des figures politiques traditionnelles.
Dans le même temps, les partis politiques ont leurs propres revendications. La droite espère une figure modérée capable de renforcer le dialogue avec les acteurs économiques. La gauche, malgré ses divisions, demande un profil axé sur la justice sociale et les transitions écologique et numérique. Quant aux agriculteurs, secteur particulièrement affecté ces derniers mois, souhaitent un interlocuteur sensible à leurs problématiques. Les milieux d’affaires, eux, plaident pour un chef de gouvernement favorable aux réformes économiques et à l’attractivité internationale.
François Bayrou : un retour en grâce dans l'opinion
François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, est au centre des spéculations pour devenir le prochain Premier ministre. Sa popularité est en hausse, comme l'indiquent les derniers sondages d’Elabe. Sa cote a bondi de 8 points, atteignant 29 % d’image positive, son meilleur score depuis 2019. Cette remontée spectaculaire intervient dans un contexte où le président Emmanuel Macron connaît une stagnation à son niveau de popularité le plus bas, à 21 %. Elle est peut-être due à la couverture médiatique dont il bénéficie en raison de la possibilité qu'il soit nommé Premier ministre.
François Bayrou est perçu comme une figure d’équilibre au sein de la majorité présidentielle. Proche d'Emmanuel Macron, il a joué un rôle clé dans les alliances qui ont permis à ce dernier de consolider sa majorité. Sa stature d’homme d’État expérimenté, associée à son positionnement centriste, en fait un candidat idéal pour apaiser les tensions politiques et rallier une partie de l'opposition modérée.
La gauche divisée sur le compte de François Bayrou
De plus, Bayrou bénéficie d’un soutien croissant parmi les électeurs de gauche et ceux d’Emmanuel Macron, gagnant respectivement 12 et 14 points de popularité dans ces segments. Son image de défenseur des valeurs républicaines et sa capacité à dialoguer avec différentes factions politiques renforcent sa légitimité.
Cependant, ce choix suscite des débats. Pour certains, sa nomination représenterait une continuité rassurante dans un contexte de crise. Mais pour d’autres, il symbolise l’immobilisme. Au sein du Nouveau Front Populaire (NFP), notamment, la perspective de voir Bayrou à Matignon est qualifiée de « manœuvre pour fracturer l’unité de la gauche ». Les leaders du NFP ont prévenu qu’ils ne participeraient pas à un gouvernement dirigé par lui, mais certains envisagent néanmoins une abstention lors du vote de confiance, plutôt qu’une opposition frontale.
Roland Lescure : un choix polarisant
Roland Lescure, député Renaissance des Français d’Amérique du Nord et vice-président de l’Assemblée nationale, est l’un des noms évoqués pour devenir le prochain Premier ministre. À 58 ans, cet ancien ministre de l’Industrie incarne une figure du « dépassement » des clivages politiques traditionnels, plaidant pour une « coalition des raisonnables ».
Roland Lescure est vu comme un symbole de continuité dans le projet macroniste. Proche d’Emmanuel Macron depuis les débuts de la République en Marche, il a su maintenir des liens solides avec les factions centristes et de gauche modérée de la majorité. Son expertise économique, renforcée par son passé dans le secteur financier, en fait un candidat sérieux pour diriger un gouvernement axé sur la stabilité et les réformes.
La droite se rebiffe contre Roland Lescure
L’éventualité de voir Roland Lescure à Matignon suscite néanmoins une opposition virulente, notamment de la part des Républicains (LR). Ces derniers dénoncent une nomination qui, selon eux, ignorerait les sensibilités de la droite modérée tout en renforçant une majorité jugée trop centriste. Un cadre de LR a déclaré que « Ce choix serait un camouflet pour les équilibres politiques. »
Les critiques ne se limitent pas à la droite. Certains membres de Renaissance estiment que Lescure incarne une ligne trop proche de l’aile gauche du macronisme, risquant de marginaliser des soutiens venus du centre-droit.