Gouvernement Bayrou : voici la liste des ministres qui le composent

Il aura fallu 10 jours à François Bayrou pour composer son gouvernement. Celui-ci a dévoilé la liste des membres qui le composent lundi 23 décembre 2024, soit le jour de deuil national pour Mayotte, et seulement un jour avant Noël.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 24 décembre 2024 à 15h40
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35 ministres. Le gouvernement Bayrou est composé de 35 ministres. Entre le retour de vieux loups politiques, des changements de portefeuilles et de nouveaux entrants, cette liste n’a pas manqué de provoquer l’ire des oppositions.

Une première polémique avant l'annonce

François Bayrou a dévoilé la composition de son gouvernement. Cette annonce, tant attendue, est survenue en plein jour de deuil national pour Mayotte, frappée par le cyclone Chido, et a immédiatement suscité des critiques acerbes de la part de la députée de Mayotte, Estelle Youssoufa (groupe LIOT), alors que les secours peinent encore à atteindre les zones les plus touchées et que les Mahorais manquent d'eau potable. Cette dernière y voit un mépris affiché envers les Mahorais : « Tout le monde s'en fout de Mayotte. C'est tellement méprisant, grave, médiocre qu'on n'a plus les mots. »

Après diverses déclarations des plus maladroites de la part du nouveau Premier ministre, et un déplacement sous hautes tensions du Président, le choix de maintenir l’annonce le jour du deuil national a été perçu comme une erreur stratégique majeure, d’autant plus que la promesse de présenter le gouvernement avant Noël aurait pu être respectée en décalant cette déclaration au lendemain.

4 ministres d’État où les priorités du gouvernement Bayrou

Une fois de plus, la promesse d'un gouvernement réduit n'a pas été tenue : 35 membres composent le gouvernement Bayrou, dont 4 ministres d’État parmi les 14 ministres de plein exercice, et 21 ministres délégués. Une composition qui marque le retour de nombreuses figures politiques déjà bien connues des Français. Parmi les ministres d’État figurent : Manuel Valls aux Outre-mer, Gérald Darmanin à la Justice et Garde des Sceaux, Bruno Retailleau à l'Intérieur, et Élisabeth Borne à l'Éducation. Ces nominations symbolisent les priorités du gouvernement. Quatre figures bien connues des Français donc, sous-entendu, choisies pour leur expérience. Bien que ce titre ne confère pas de pouvoir supplémentaire, il souligne leur importance politique.

Le tandem Darmanin-Retailleau, qui occupe respectivement les portefeuilles de la Justice et de l’Intérieur, incarne une ligne sécuritaire ferme, saluée à droite, mais qui ne manque pas de provoquer l'ire de la gauche. Jean-Luc Mélenchon (LFI) s’en est vivement pris à cette orientation : « C'est trop ! Bayrou présentera-t-il ou pas la motion de confiance ? Sinon, seule la censure permettra de dire “Non” à ce nouveau déni du vote des Français négocié sous le contrôle de Le Pen.» Même son de cloche pour Olivier Faure, secrétaire général du Parti Socialiste, qui voit en cette composition une « provocation » allant jusqu'à la qualifier de « gouvernement sous la surveillance de l’extrême droite. »

La nomination de Manuel Valls au poste de ministre d’État chargé des Outre-mer est l’un des choix les plus significatifs de ce gouvernement. C’est la première fois que ce portefeuille est attribué à un ministre d’État, un titre honorifique qui place son détenteur parmi les figures clés du gouvernement. François Bayrou a, semble-t-il, voulu mettre de l'eau sur le feu en envoyant un message fort aux territoires ultramarins. Manuel Valls, ancien ministre de l'Intérieur et ex-Premier ministre, a en effet été choisi pour son expertise dans la gestion de crise et sa connaissance des dossiers néo-calédoniens.

Élisabeth Borne, quant à elle, ex-Première ministre et figure controversée, notamment suite à son passage en force de la réforme des retraites par un 49.3, fait elle aussi son retour dans les instances gouvernementales. Comme évoqué précédemment, elle prend en charge l'Éducation nationale, remplaçant ainsi Anne Genetet, empêtrée dans une vive polémique après la révélation de la théorie du genre dans les programmes scolaires. Un ministère sous haute tension, soumis à l'approbation des syndicats, et qui a vu défiler pas moins de six ministres dans ses couloirs depuis Jean-Michel Blanquer, soit depuis 2022.

Les principales figures

Éric Lombard, figure peu connue, voire inconnue du grand public, prend la tête du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle. Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations et technicien aguerri des finances publiques et privées, sa nomination a un objectif clair : rassurer les marchés, notamment face à l'abaissement de la note souveraine de la France à Aa3. Sa priorité : proposer rapidement un budget pour l'année 2025 qui ne soit pas censuré.

Catherine Vautrin reprend le ministère du Travail et de la Santé, dont elle avait déjà la charge dans le gouvernement Attal, après un court passage dans celui de Barnier au ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation. Aurore Bergé fait également son retour en tant que ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, rattachée au Premier ministre. Sophie Primas devient ministre déléguée rattachée au Premier ministre et porte-parole du gouvernement. Marc Ferracci conserve son portefeuille de ministre délégué chargé de l’Industrie. François Rebsamen fait lui aussi son grand retour au sein de l'exécutif. Ancien poids lourd du Parti socialiste, maire de Dijon, ex-sénateur et ancien ministre du Travail et de l'Emploi, il sera chargé de l’Aménagement des territoires et de la décentralisation.

Rachida Dati, Agnès Pannier-Runacher, Sébastien Lecornu, Jean-Noël Barrot, et Annie Genevard, quant à eux, gardent leur portefeuille respectif, à savoir : la Culture pour Dati, la Transition écologique pour Pannier-Runacher, les Armées pour Lecornu, les Affaires étrangères pour Barrot, et l'Agriculture pour Genevard.

En joue sur Bayrou

Éric Ciotti, président de l’Union des Démocrates Républicains (UDR), a violemment critiqué cette équipe qu’il qualifie de « revenants politiques » et témoins de « l'immobilisme » sur X (ex-Twitter) : « La coalition des minorités macronistes accouche en catastrophe d’un gouvernement enchaîné à l’impuissance du en-même-temps. Même les derniers éléphants socialistes participent à une équipe de revenants politiques soulignant l’isolement du ministre de l’Intérieur ».

Sans surprise, la gauche a immédiatement réagi en annonçant une motion de censure prochaine. Mathilde Panot (LFI) a résumé la position de son camp : « Un gouvernement rempli de gens désavoués dans les urnes… Ce gouvernement n’a qu’un seul avenir : la censure. Avec la chute de Bayrou, le roi Macron sera nu. » De son côté, Sandrine Rousseau s’est contentée d’un tweet tout aussi acerbe : « Tout ça va vraiment mal finir », appelant dans un second à la « censure ».

Jordan Bardella (RN) a raillé une équipe qu’il qualifie de « coalition de l’échec ». Marine Le Pen n'a pas manqué de manifester son désaccord tout en invitant le Premier ministre au dialogue, et en lui rappelant qu'elle dispose du pouvoir de renverser son gouvernement : « L’exécutif est ce soir en place, il va devoir changer de méthode, écouter et entendre les oppositions pour construire un budget qui prenne en compte les choix exprimés dans les urnes. » « Dans l’attente de l’alternance, nous saurons lui rappeler que rien ne peut se faire et se décider dans le dos de onze millions de Français », a-t-elle ajouté.

Grand déçu de ce nouveau gouvernement : le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, bien qu'ayant été tenté de revenir aux affaires, n'a pas manqué d'affirmer, dans un communiqué tout aussi laconique que lapidaire, avoir « refusé de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen ». Une justification qui, selon les informations de nos confrères de CNews, était partagée par Roland Lescure, ex-favori pour Matignon, et qui aurait pu se voir attribuer Bercy.

La gauche, en particulier la LFI, sans surprise, brandit la motion de censure. Le Rassemblement national et ses alliés, de leur côté, rappellent à François Bayrou qu'ils peuvent, à tout moment, appuyer sur la gâchette, bien que Marine Le Pen puisse en décider autrement. Toute sa stratégie repose sur cette question : faire tomber le gouvernement Bayrou en vue d'une élection présidentielle anticipée, soit avant le verdict de son procès qui devrait tomber d'ici le mois de mars 2024, ou, faire le pari de sa non-condamnation pour maintenir son image auprès des Français. Un choix qui pourrait être influencé par la nomination de Gérald Darmanin à la Justice. Le centre, en particulier les Républicains, mais aussi l'aile Attal du camp macroniste, garde ses distances, telles des hyènes prêtes à se jeter sur les restes.

Composition complète du gouvernement

Ministres d’État (titre honorifique) :

  • Élisabeth Borne : Éducation nationale, Recherche et Numérique
  • Bruno Retailleau : Intérieur
  • Gérald Darmanin : Justice, garde des Sceaux
  • Manuel Valls : Outre-mer

Ministres de plein exercice :

NomPoste
Élisabeth BorneMinistre d'État chargée de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et du Numérique
Bruno RetailleauMinistre d'État chargé de l'Intérieur
Gérald DarmaninMinistre d'État, garde des Sceaux, en charge de la Justice
Éric LombardMinistre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
Catherine VautrinMinistre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
Manuel VallsMinistre d'État chargé de l'Outre-mer
François RebsamenMinistre des Collectivités locales, de l'Aménagement des Territoires et de la Décentralisation
Sébastien LecornuMinistre des Armées
Jean-Noël BarrotMinistre de l'Europe et des Affaires étrangères
Laurent MarcangeliMinistre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification
Agnès Pannier-RunacherMinistre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
Rachida DatiMinistre de la Culture
Annie GenevardMinistre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
Marie BarsacqMinistre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative

Ministres délégués :

NomPoste
Aurore BergéMinistre en charge de l’Égalité et de la lutte contre les Discriminations
Patrick MignolaChargé des relations avec le Parlement
Sophie PrimasPorte-parole du gouvernement
Yannick NeuderMinistre de la Santé et de l'Accès aux soins
Françoise GatelMinistre déléguée chargée de la Ruralité
Amélie de MontchalinMinistre chargée des Comptes publics
Véronique LouwagieMinistre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, de l'Économie sociale et solidaire
Nathalie DelattreMinistre déléguée chargée du Tourisme
Valérie LétardChargée du Logement
Benjamin HaddadMinistre des Affaires européennes
Charlotte Parmentier-LecocqMinistre chargée de l’Autonomie et du Handicap
Marc FerracciMinistre chargé de l’Industrie
Clara ChappazMinistre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique
Patricia MirallèsMinistre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants
Philippe BaptisteMinistre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
François Noël-BuffetDélégué auprès du ministre de l'Intérieur
Philippe TabarotMinistre chargé des Transports
Juliette MéadelMinistre de la Ville
Laurent Saint-MartinMinistre chargé du Commerce extérieur et des Français de l’Étranger
Astrid Panosyan-DouvetMinistre chargée du Travail et de l'Emploi
Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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