Retraites : un décret autorise certains EHPAD à faire exploser leurs tarifs en 2025

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, un décret suscite la colère des familles de résidents en EHPAD. Ce texte offre aux établissements publics et associatifs la possibilité d’augmenter leurs tarifs pour une partie de leurs futurs résidents jusqu’à un certain plafond.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 8 janvier 2025 à 15h24
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Ce décret bouleverse littéralement les règles tarifaires des EHPAD publics et associatifs. Issu de la loi « Bien vieillir », il vise à réduire le déficit de ces établissements en demandant une contribution à leurs résidents qui ne sont pas éligibles aux aides sociales pour les seniors.

Une hausse qui cible les résidents non éligibles à l’ASH

Ce décret publié le 31 décembre 2024 autorise les EHPAD publics et associatifs à augmenter jusqu’à 35 % leurs tarifs pour leurs futurs résidents qui ne bénéficient pas de l’Aide sociale à l’hébergement (ASH). Actuellement, une journée en EHPAD coûte en moyenne 65,50 euros, selon la Fédération hospitalière de France. Avec ce décret, les résidents concernés pourraient voir leurs frais d’hébergement augmenter de 19,50 euros par jour, portant le tarif quotidien à 85 euros, et entraîner une hausse mensuelle de l'ordre de 600 euros !

Ce sont principalement les retraités dits « modestes » – ceux dont les revenus dépassent de peu le seuil d’éligibilité à l’ASH – qui subiront de plein fouet cette hausse. « Le risque, c’est une exclusion de certains seniors », avertit Caroline Urbain, présidente de l’Uriopss auprès de L’Union. Les retraités concernés et/ou leurs familles se retrouveront face à un choix particulièrement difficile : puiser dans leurs économies, envisager un autre établissement qui sera peut-être plus éloigné, ou renoncer à ce type d’hébergement spécialisé pour seniors.

Deux fois plus d'EHPAD publics ou associatifs en déficit en 4 ans

Les EHPAD publics et associatifs ne sont pas obligés d’appliquer cette hausse. Chaque établissement peut choisir d’augmenter ou non ses tarifs, à condition d’en informer son conseil départemental et que celui-ci leur donne son accord. Cette liberté tarifaire risque d’entraîner de fortes disparités selon les régions. Dans certains départements, les établissements les plus prisés pourraient appliquer la hausse maximale, tandis que d’autres, craignant de voir leurs lits se vider, pourraient maintenir des tarifs plus modérés.

Si l’objectif affiché est de compenser les déficits des EHPAD – dont 66 % étaient déficitaires en 2023, contre 27 % en 2020, selon le rapport de septembre 2024 de la commission sénatoriale des affaires sociales –, la solution choisie repose exclusivement sur le dos des familles non aidées...

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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