En octobre 2024, l’affaire Stravaleaks éclata avec fracas. Une enquête du Monde révéla alors que les parcours sportifs des gardes du corps de plusieurs présidents, dont Emmanuel Macron, étaient visibles de tous via l’application de suivi sportif Strava. Quelques mois plus tard, une nouvelle révélation du Monde secoue la défense nationale, et plus précisément, le dispositif de dissuasion nucléaire de la Marine française.
Dissuasion nucléaire : les départs en mission de nos sous-marins nucléaire exposés par.. une application !
Le Monde vient de publier une nouvelle enquête concernant l'application Strava. Publiée le lundi 13 janvier 2025, celle-ci révèle d’inquiétantes failles de sécurité de la base navale de l'Île-Longue, la plus secrète de France.
Des montres connectées mettent en péril les sous-marins nucléaires français
L’Île-Longue est le site le plus sensible de la Marine nationale française. Cette base navale, ultra-sécurisée, située dans le Finistère, abrite les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Marine nationale. Ces bâtiments, capables de transporter chacun seize missiles nucléaires, assurent la dissuasion nucléaire continue de la France, ces derniers étant indétectables en haute mer. Leur mission repose, de fait, sur un secret absolu.
Pourtant, l’enquête du Monde révèle que de nombreux sous-mariniers de ladite base utilisent des montres connectées pour suivre leurs performances physiques et maintiennent leurs profils Strava en mode... public ! Bien que les téléphones portables soient interdits sur la base, ces montres sont capables d’enregistrer les séances de sport de leurs propriétaires en mode hors ligne, lesquelles sont ensuite automatiquement synchronisées et publiées sur l'application une fois connectées à Internet. Pis, Le Monde a analysé les interruptions d’activité des sous-mariniers sur l'application Strava, ce qui lui a permis de reconstituer leurs calendriers de patrouille et par conséquent... de connaître leurs départs et retours de mission.
Un grave manquement aux consignes du ministère des Armées
La Marine nationale reconnaît des « négligences regrettables » parmi ses effectifs. Plus que de simples négligences, ce nouveau scandale témoigne surtout d'un grave manquement et d'un problème de discipline au sein des forces armées. En 2018, le ministère des Armées avait en effet émis une directive stricte interdisant l’usage des objets connectés sur les bases militaires sensibles. Cette mesure visait à prévenir toute fuite involontaire de données pouvant compromettre la sécurité nationale.
L’enquête du Monde, publiée moins de cinq mois après la première affaire Stravaleaks en octobre 2024, démontre que ces consignes ne sont toujours pas respectées malgré l’enjeu pour le dispositif de dissuasion nucléaire de la Marine et, plus généralement, pour la sécurité nationale de la France.
Des mesures drastiques attendues
L’affaire Stravaleaks démontre toute l'importance de la sécurité numérique et du respect des protocoles de sécurité. Si une application sportive peut suffire à compromettre des dispositifs aussi sensibles que celui de la dissuasion nucléaire de la Marine nationale, cela signifie que les protocoles de sécurité ne sont pas respectés, mais aussi qu'ils ne sont pas assez stricts.
De fait, il devient plus qu'urgent de revoir l'ensemble de dits protocoles et de renforcer les contrôles sur les bases militaires.