Industrie de la Défense : Lecornu en appelle à la préférence européenne

Faut-il laisser les fonds européens de défense enrichir des entreprises américaines sous prétexte d’efficacité immédiate ? Lors de la cérémonie des vœux 2025 aux Invalides, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a répondu fermement, dénonçant une telle orientation comme une menace directe à l’indépendance industrielle et stratégique de l’Union européenne.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 15 janvier 2025 à 14h50
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Faisant écho aux débats au sein de l’Union européenne sur l’usage des fonds de défense, le ministre des Armées a souligné l’enjeu, pour le vieux continent, de répondre à ses besoins sécuritaires sans dépendre de puissances extérieures, en particulier des États-Unis.

L'impératif d'une défense européenne indépendante

Les fonds de défense, destinés à renforcer les capacités militaires du Vieux Continent, représentent un enjeu majeur pour la souveraineté européenne. C'est d'ailleurs dans cette optique que plusieurs programmes européens, notamment le programme EDIP (Programme européen pour l’industrie de la défense), ont été lancés, avec pour objectif de soutenir les projets industriels communs. Néanmoins, des divergences persistent entre les États membres quant à l’affectation de ces fonds. Si certains plaident pour une préférence européenne, d'autres se montrent peu exigeants quant à leur utilisation. 

Cette seconde vision qui se veut avant tout ouverte et plus efficace - rapide - est jugée problématique, voire dangereuse, par le ministre des Armées français, Sébastien Lecornu, qui estime qu’elle menace l’autonomie stratégique de l’Europe. Celui-ci n'a pas manqué de vilipender la volonté de certains États, à l'image de la Pologne ou des Pays-Bas, de financer sous licence des équipements fabriqués hors de l’Union européenne (principalement américains). « Si cela peut donner l’illusion d’une autonomie européenne, cela nous mettrait surtout à la merci d’un revirement stratégique de notre allié américain », a ainsi souligné le ministre des Armées, déterminé à « défendre pied à pied l’agenda de Versailles ».

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Stopper la « taxonomie européenne »

Au-delà de la répartition des fonds, Sébastien Lecornu pointe un autre problème majeur : la lourdeur des procédures de sélection et de financement de la Commission européenne, qui freine l’innovation et l’efficacité des industriels européens sur leur propre marché. Le ministre des Armées français rejoint ainsi le camp de ceux qui plaident pour une simplification des règles de financement des projets de défense européens.

Outre l'utilisation des fonds de défense européens, Sébastien Lecornu, comme le rappelle Opex360, est particulièrement critique à l'égard de certaines normes, notamment les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance), qu'il accuse de limiter l’accès aux financements pour les entreprises européennes de défense, au seul motif qu’elles ne répondraient pas à certains objectifs environnementaux.« C’est inacceptable ! », a-t-il ainsi vilipendé, arguant que ces règles freinent bêtement des projets de défense essentiels.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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