Le lundi 2 novembre 2020, marque le retour en classe des élèves après les vacances de la Toussaint mais également le jour choisi pour que les élèves de France et de Navarre puisse rendre hommage à Samuel Paty. Un hommage qui passera notamment par « la lettre aux instituteurs et institutrices » de Jean Jaurès. Cependant, il semblerait que la version lue aux élèves ce lundi matin soit expurgée de certains passages clés.
Entre modifications et omissions, une version qui déplaît
Cette lettre de Jean Jaurès aux instituteurs et institutrices publiée le 15 janvier 1888 dans les colonnes de la Dépêche de Toulouse est au coeur des hommages rendus à Samuel Paty, ce professeur d'Histoire-géographie assassiné le 16 octobre dernier. Après la lecture de certains passages par l'un de ses camarades de promotion lors de l'hommage national qui lui a été rendu le 21 octobre 2020 dans la cour de la Sorbonne, c'est cette même lettre qui sera lue par les professeurs de France avant une minute de silence dans toutes les classes de France.
« Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants », écrivait Jean Jaurès aux instituteurs et institutrice de France, les enjoignant à défendre leur autonomie et à être des guides pour la jeunesse. Une lettre qui sera lue aux élèves français en mémoire de Samuel Paty mais semblerait-il dans une version raccourcie voir même modifiée.
De nombreux professeurs se sont étonnés du fait que, lorsqu'ils ont reçu le texte à lire aux élèves, trois paragraphes entiers manquent à l'appel et une célèbre citation a même eu le droit à un petit ravalement de façade comme l'explique une professeur de Philosophie d'Occitanie à Libération. La « fierté alliée à la tendresse » se transforme donc en « fermeté alliée à la tendresse ». Un mot qui n'apparaît pas dans la version d'origine de la lettre. Des modifications qui selon l'enseignante sont « un peu révoltantes » alors qu'il s'agit de rentre hommage « à Samuel Paty et à la liberté d'expression ».
Le premier résultat référencé sur Google
Si cette version, qui a été envoyée à certains rectorats, choque, c'est celle-ci qui a cependant été lue lors de l'hommage à la Sorbonne et qui est, selon l'académie de Poitiers, mise en cause. Elle avait en effet « été mise en ligne en 2016 dans le cadre de la semaine pour la laïcité » et est de plus le premier résultat référencé par Google.
Face à cette polémique, le ministère de l'Éducation nationale a dirigé les enseignants vers la plateforme Eduscol sur laquelle deux versions sont disponibles, une « adaptée pour un public plus jeune » et une seconde pour les lycéens. Cependant, jusqu'à samedi 31 octobre 2020, seule la version courte pour le public jeune était disponible.