SNU : le Sénat enterre le rêve d’Emmanuel Macron

Le Service National Universel (SNU), promesse phare du mandat d’Emmanuel Macron, a été frappé d’un coup d’arrêt par le Sénat. Ce jeudi 16 janvier 2025, les sénateurs ont voté la suppression des crédits alloués à son déploiement. Derrière cette décision, des enjeux budgétaires et politiques qui divisent l’hémicycle.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 17 janvier 2025 à 17h45
Snu

Le 16 janvier 2025 marque un tournant pour le Service National Universel (SNU). Lancé en 2019 sous l'impulsion d’Emmanuel Macron, ce programme destiné à encadrer et unir la jeunesse française a vu son avenir compromis après un vote sans appel au Sénat. Ce dernier a acté la suppression des 100 millions d’euros de crédits budgétaires alloués à son développement. À l’origine de ce rejet, une coalition transpartisane regroupant des voix de droite et de gauche, dénonçant le coût exorbitant et l’efficacité limitée du dispositif.

Une suppression justifiée par des contraintes budgétaires

La suppression du budget dédié au SNU repose en grande partie sur des raisons financières. Selon la Cour des comptes, la généralisation du programme, prévue à partir de 2026 pour tous les jeunes de 15 à 17 ans, aurait entraîné un coût annuel estimé entre 3,5 et 5 milliards d’euros. Eric Jeansannetas, sénateur socialiste et rapporteur du projet, a déclaré que « le SNU n'apporte pas une plus-value suffisante pour justifier un tel investissement ».

Les infrastructures nécessaires à l’accueil des jeunes manquent cruellement, tout comme les encadrants qualifiés pour superviser les séjours. Face à ces écueils, le Sénat a largement approuvé un amendement visant à réallouer 80 millions d’euros au secteur sportif, fragilisé après les Jeux olympiques de 2024.

Une fracture politique : droite et gauche unies contre le gouvernement

La suppression du budget du SNU a vu une rare convergence entre la droite et la gauche. La critique principale : le manque de résultats probants après cinq années d’expérimentation. Le député Christophe Blanchet (MoDem), fervent défenseur du SNU, regrette cette décision, arguant que « le SNU était une opportunité pour inculquer des valeurs de patriotisme et d’engagement ». Toutefois, pour beaucoup, l’objectif initial s’est dilué. Le programme, conçu comme une initiative militaire et civique, a progressivement évolué vers des activités jugées moins structurées.

La ministre des Sports et de la Jeunesse, Marie Barsacq, s’est opposée à la suppression, qualifiant ce transfert de crédits de « sacrifice du SNU au profit du sport ». Malgré cette défense, la majorité parlementaire semble s’accorder sur l'abandon du dispositif.

Les réactions mitigées des associations face à la fin du SNU

Les milieux associatifs, bien que divisés sur l’efficacité du Service National Universel, expriment des inquiétudes quant aux répercussions de sa suppression. De nombreuses associations de jeunesse saluaient l’objectif initial du programme, visant à promouvoir l’engagement civique et à renforcer la cohésion sociale.

Cependant, plusieurs structures avaient critiqué le manque de concertation dans la mise en œuvre du SNU, jugeant son coût disproportionné par rapport à l’impact perçu. Certaines associations s’inquiètent également que l’abandon du dispositif ne laisse un vide dans les politiques destinées aux jeunes, en particulier dans les zones rurales ou sensibles, où le SNU avait un potentiel d'intégration.

Le SNU : une ambition inachevée et des résultats mitigés

Créé pour renforcer la cohésion sociale, promouvoir l’engagement citoyen et offrir une formation civique, le Service National Universel répondait à une triple ambition. Il visait à briser les clivages sociaux par des activités communes, inciter les jeunes à participer à des missions d’intérêt général et transmettre les valeurs républicaines par des apprentissages structurés.

Pourtant, malgré un certain succès auprès des volontaires, les critiques soulignent l’incapacité du programme à toucher une large population. Faute de moyens et d’organisation adaptés, les objectifs initiaux du SNU semblent avoir été progressivement éclipsés par des contraintes pratiques et budgétaires, laissant planer un doute sur sa pertinence réelle.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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