L’industrie automobile européenne en péril. Trois ministres français – Marc Ferracci (Industie), Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique) et Benjamin Haddad (affaires européennes) – dans une tribune publiée dans Les Échos le 24 janvier 2025, dénoncent (enfin) la rigidité des normes CO2 de la Commission européenne, notamment les amendes prévues à l’encontre des constructeurs européens, et qui s’appliqueront dès cette année.
Normes CO2 européennes : ces ministres se rangent (enfin) derrière l’industrie automobile
La Commission européenne impose des objectifs d’émissions de CO2 presque impossibles dès 2025 pour ses constructeurs automobiles. En cas de non-respect de ces derniers, l'UE prévoit d'infliger jusqu'à 15 milliards d'euros d'amendes à sa propre industrie. Le soutien des trois ministres est de fait plus que bienvenu pour les constructeurs européens, mais celui-ci, au vu de la concurrence, apparaît quelque peu tardif.
Une réglementation qui étrangle l’industrie automobile européenne
En 2025, les constructeurs européens devront réduire leurs émissions moyennes de CO2 à 81 g/km (contre 95g de CO2/km (2021)), sous peine de lourdes amendes de la part de la Commission européenne. Autrement dit, l'Union européenne impose qu'un quart de la production automobile de ses constructeurs soit électrique. Chaque gramme au-dessus de cette limite coûtera 95 euros par véhicule. Les ministres français dénoncent dans leur tribune publiée dans Les Échos cette situation, et surtout les sanctions prévues par la Commission européenne, arguant que « nos constructeurs ne sont en rien responsables de la baisse de la demande en véhicules électriques ».
La stagnation des ventes s’explique en effet en grande partie par le manque d'autonomie des véhicules électriques, le manque de bornes de recharge, leur prix de vente, et l'abaissement des aides publiques à l'achat. Résultat : les industriels européens sont piégés. Pour éviter les pénalités, seules deux options s'offrent à eux, et aucune n'est à leur bénéfice.
- La première : acheter des crédits d’émission à des concurrents étrangers comme Tesla, ce qui revient à subventionner des acteurs extérieurs.
- La seconde : réduire les ventes de véhicules thermiques, ce qui met en péril des milliers d’emplois chez les sous-traitants.
Pour un assouplissement des normes CO2 européennes
Les trois ministres français saluent le dialogue stratégique initié par Ursula von der Leyen, mais pointent du doigt une réglementation inadaptée. « Ce dialogue ne peut être serein et productif tant que les constructeurs font face au dilemme impossible de renforcer leurs concurrents ou d’affaiblir leurs fournisseurs », écrivent-ils, ajoutant : « une piste serait de permettre de lisser les objectifs sur plusieurs années » tout en réaffirmant qu'« investir massivement dans l’électrique est nécessaire pour atteindre nos engagements climatiques ». Mais encore faut-il que l’Europe donne à ses industriels les moyens d’agir. En l’absence de solutions, c’est toute la souveraineté industrielle européenne qui risque d’être compromise.
Ce n'est plus un secret pour personne, l’Europe est en retard face à la Chine et aux États-Unis, qui n'ont pas rechigné à massivement subventionner leur filière automobile. Depuis des mois pourtant, les constructeurs et l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA) alertent sur les conséquences de ces normes, sans que des actions politiques fortes aient suivi... Mieux vaut tard que jamais, dira-t-on. Reste à voir si cet appel conjoint sera entendu par les hautes sphères de la Commission européenne...