Revalorisation du SMIC : Bayrou ferme la porte

Non, c’est non. François Bayrou a refusé la demande du Parti socialiste de revaloriser le SMIC (salaire minimum légal) en juillet 2025. Jusqu’ici épargné par une motion de censure, le Premier ministre pourrait bientôt devoir passer son premier grand test parlementaire.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 31 janvier 2025 à 13h09
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L'exécutif a tranché : le SMIC ne sera pas revalorisé de 1 % en juillet 2025. Une décision prise tard au terme d’intenses négociations entre le gouvernement et le Parti socialiste (PS) dans le cadre du vote du budget de 2025 qui poursuit son chemin législatif devant la commission mixte paritaire.

Bayrou retoque une hausse de 1% du SMIC

Le Premier ministre François Bayrou, soutenu par l’Élysée et le ministère du Travail selon Les Échos, a choisi de ne pas donner suite à la demande du PS d'augmenter la prime d'activité (CAF et MSA) et le SMIC de 1 % en juillet 2025, malgré l’avis favorable du ministre de l’Économie, Éric Lombard. Ce refus pourrait être le déclencheur d’une nouvelle crise politique menaçant la stabilité du gouvernement. Fixé 1 801,80 euros brut par mois depuis la dernière revalorisation de novembre 2024, cette augmentation, bien que modeste – 47 centimes par jour, soit 14,26 euros brut par mois    – visait à répondre à une revendication de la gauche, portée par le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, en échange de son soutien au vote du budget de 2025.

Stéphane Carcillo, président du groupe d’experts indépendants sur le salaire minimum, explique la décision du Premier ministre : Une hausse du SMIC entraînerait trop de conséquences négatives : tassement des grilles salariales, perte de recettes pour la Sécurité sociale, hausse de la masse salariale de la fonction publique, sans oublier des suppressions d'emplois, au moment où le nombre de demandeurs d'emploi sans activité inscrits à France Travail augmente très fortement. L’exécutif maintient son cap qui est de 21 milliards d’euros de hausses de recettes et 32 milliards d’euros de baisses de dépenses. Mais cette rigueur budgétaire pourrait bien lui coûter cher politiquement, d'autant que le refus de cette revalorisation, aussi minime soit-elle, pourrait être très mal perçu par les 2,7 millions de Français qui sont au SMIC.

Une première motion de censure ?

Depuis sa nomination à Matignon le 13 décembre 2024, François Bayrou a réussi à naviguer entre les critiques et à éviter le spectre d’une motion de censure. Mais ce refus d’augmenter le SMIC ravive les tensions entre le camp présidentiel et la gauche de l'échiquier, en particulier le PS, qui semblait jusqu'alors prêt à un compromis sur le budget de 2025. Le Parti socialiste, en effet, avait conditionné son soutien au budget à une avancée sur le pouvoir d’achat des travailleurs les plus modestes.

L’opposition ne cache pas son exaspération. Manuel Bompard, député de La France Insoumise, a dénoncé ce blocage, affirmant : « Même une hausse du SMIC de 1 %, c’est trop pour le gouvernement Bayrou. Il est temps de revenir à la maison et de voter la censure. » On le savait, les jours du Premier ministre étaient comptés. La menace d’une motion de censure plane de nouveau sur le gouvernement, et il n'est pas improbable que celle-ci aboutisse. François Bayrou faisant également fasse à une vive polémique suite à ses propos évoquant un sentiment de « submersion migratoire » sur LCI, le 28 janvier 2025.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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