Logement : 350.000 SDF en France, du jamais vu

350 000 sans-abri, un record de décès dans la rue, une explosion des expulsions locatives et un effondrement du logement social : la France sombre dans une crise du logement d’une ampleur inédite.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 4 février 2025 12h24
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logement-350000-sdf-en-france-du-jamais-vu - © PolitiqueMatin

La Fondation pour le logement des défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre) a rendu public, le 5 février 2024, son 30ᵉ rapport sur l’état du mal-logement en France. Les chiffres sont accablants : 4,2 millions de personnes vivent en situation de mal-logement, dont 350 000 sans-domicile fixe. Pire encore, 735 SDF sont morts dans la rue en 2024, un chiffre jamais atteint auparavant.

La crise actuelle ne doit rien au hasard. Elle est le résultat direct de politiques publiques incohérentes, d’un sous-financement chronique du logement social, mais aussi d’un accueil migratoire massif qui accentue la pression sur les structures d’hébergement et les logements sociaux. Loin de répondre à l’urgence, l’État a restreint l’accès aux aides, durci les conditions d’expulsion et abandonné les bailleurs sociaux à leurs difficultés financières.

L’explosion du nombre de SDF : des chiffres alarmants passés sous silence

Depuis 2012, la population des sans-abri en France a plus que doublé. L’Insee recensait 143 000 SDF en 2012, un chiffre qui a grimpé à 330 000 en 2023, avant d’atteindre 350 000 en 2024L’opinion publique s’habitue à voir des tentes s’aligner sous les ponts, tandis que l’État ne fait que gérer la pénurie.

L’année 2024 marque aussi un triste record : 735 décès de sans-abri en une année. Ce chiffre, recensé par le collectif "Les Morts de la Rue", illustre une faillite sociale : l’espérance de vie d’un SDF est de 49 ans.

Chaque soir, entre 5 000 et 8 000 personnes sont refusées par le 115, faute de places disponibles. Loin de s’améliorer, la situation empire chaque hiver, et les associations constatent un découragement général chez les sans-abri, qui ne cherchent même plus à appeler les numéros d’urgence.

Expulsions massives et crise locative : la politique du bâton

Si les SDF sont de plus en plus nombreux, c’est aussi parce que l’État préfère expulser plutôt que reloger. 19 023 ménages ont été expulsés en 2023 (+17 % en un an, +150 % en vingt ans). À cela s’ajoutent 80 000 personnes ayant quitté leur logement par peur d’une procédure judiciaire.

Le 27 juillet 2023, la loi Kasbarian-Bergé a durci les règles d’expulsion. Les délais de paiement sont réduits, les recours quasi inexistants, et les squatteurs encourent des amendes allant jusqu’à 7 500 euros. L’État détruit des lieux de vie précaires sans proposer d’alternative viable, transformant la crise en véritable catastrophe sociale.

Un logement social en déroute totale

Le logement social n’a jamais été aussi défaillant. Alors que 2,7 millions de ménages sont en attente, la production de logements sociaux s’effondre.

En 2016, la France construisait encore 124 000 logements sociaux. En 2023, seuls 82 000 ont vu le jour, et les prévisions pour 2024 tablent sur 72 000 unités seulement. Ce niveau de production est le plus bas depuis vingt ans.

L’explication est simple : depuis 2017, les aides aux bailleurs sociaux ont fondu. L’État a augmenté la TVA sur la construction des logements HLM et diminué les subventions. Résultat : les organismes HLM n’ont plus les moyens de construire.

Loin de proposer un plan d’urgence, le gouvernement reste silencieux, préférant subventionner les hébergements d’urgence temporaires, au détriment d’une véritable politique de logement à long terme.

Immigration et pression sur le logement : une réalité politique ignorée

Les tensions autour de l’immobilier et de l’hébergement d’urgence ne peuvent être analysées sans prendre en compte la politique migratoire de la France. Chaque année, des dizaines de milliers de migrants entrent sur le territoire, légalement ou non. En 2023, 320 000 premiers titres de séjour ont été délivrés, selon le ministère de l’Intérieur. Dans le même temps, plus de 100 000 demandeurs d’asile ont sollicité une protection.

Si l’asile est un droit fondamental, la capacité d’accueil n’est pas infinie. Or, les structures d’hébergement d’urgence sont déjà saturées, et le parc HLM en déficit chronique.

Loin d’anticiper cette pression démographique, l’État multiplie les décisions contradictoires : ouverture de nouveaux centres d’accueil d’urgence pour migrants, mais restrictions budgétaires pour les bailleurs sociaux. Les Français les plus précaires sont donc pris en étau entre une immigration croissante et une raréfaction du logement social.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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