Immigration algérienne : la France paie-t-elle trop cher ?

Entre les dépenses sociales, les coûts liés à la sécurité et les dettes impayées du gouvernement algérien, l’immigration algérienne est-elle un fardeau financier pour la France ?

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 6 février 2025 à 11h43
Algérie (2)
Immigration algérienne : la France paie-t-elle trop cher ? - © PolitiqueMatin

Les vrais chiffres de l’immigration algérienne en 2024

Les statistiques officielles de la Direction générale des étrangers en France (DGEF), publiées en 2024, apportent des données précises sur l’immigration algérienne. 336 000 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2024 en France, soit une hausse de 1,8 % par rapport à 2023. On compte 21 600 éloignements, en hausse de 26,7 %, dont la majorité forcés.

Par ailleurs, 55 % des titres de séjour accordés aux Algériens concernent le regroupement familial, contre une majorité de visas étudiants pour les autres nationalités. On observe également une baisse de 9 % des premiers titres accordés aux Algériens, et une diminution de 14 % des demandesEn revanche, le nombre de renouvellements de titres explose : 125 000 titres algériens renouvelés en 2024, soit une augmentation de 24,3 %.

Un coût social en débat

Selon des estimations parlementaires, les ressortissants algériens bénéficient massivement des prestations sociales françaises, incluant allocations familiales, aides au logement et couverture maladie universelle. À titre d’exemple, 30 % des bénéficiaires sont d’origine maghrébine, dont une forte proportion d’Algériens, et on trouve une proportion significative de ressortissants algériens parmi les allocataires du RSA et des allocations logement.

Cette réalité vient s'opposer à l'idée que l'immigration représente un atout pour la France parce qu'elle lui apporte des travailleurs, voire des travailleurs qualifiés. Les chiffres montrent au contraire que nombre d'immigrants se retrouvent, une fois sur le territoire, dans des situations précaires, dépendants d'aides sociales. Outre les questions que cela pose sur ce que la France peut offrir à ses immigrants et leur dignité, le coût de l'immigration pour le contribuable français devient une question inévitable.

Un impact sur la sécurité ?

Outre les questions sociales, l'immigration algérienne soulève des questions d'ordre sécuritaire. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a récemment affirmé que cette immigration est sur-représentée dans les statistiques judiciaires. Bien que les statistiques ethniques soient interdites en France, on sait que les ressortissants du Maghreb sont sur-représentés dans les milieux carcéraux ou dans les accusés de divers délits, notamment les violences sexuelles.

L’immigration algérienne est ainsi très visible dans les statistiques de la sécurité intérieure. 33 700 ressortissants étaient en situation irrégulière en 2024, soit 22 % des arrestations d’étrangers illégaux. Le pays rassemble également 14 % des expulsions, en hausse de 17 %. Cependant, les expulsions restent limitées : près de 3 sur 10 concernent le Maghreb, mais l’Algérie refuse souvent de délivrer des laissez-passer consulaires, rendant ces renvois impossibles.

Une dette hospitalière qui alimente la polémique

L’immigration algérienne ne pèse pas seulement sur les comptes sociaux. Une autre facture reste impayée : la dette hospitalière. En 2024, plusieurs hôpitaux français ont révélé que l’Algérie devait plusieurs millions d’euros pour des soins prodigués à ses ressortissants en France. Selon une enquête du Figaro, cette dette s’élèverait à près de 45 millions d’euros pour les seuls hôpitaux de Paris (AP-HP).

Toutefois, l’Algérie conteste officiellement ce montant, accusant la France de mauvaise foi et dénonçant un climat de haine. Les relations entre les deux pays n'ont jamais été particulièrement cordiales mais la polémique prend aujourd’hui une tournure diplomatique. Paris exige un remboursement, mais Alger semble jouer la montre. Une provocation assumée par le gouvernement algérien, qui estime que la France exagère ces chiffres à des fins politiques.

Des relations de plus en plus tendues

Le 5 février 2025, un rapport du Sénat a proposé la dénonciation de l’accord migratoire de 1968. Cette annonce a déclenché un tollé, notamment au sein du Parti socialiste qui parle de « provocation inutile », bien que les Français soient majoritairement d'accord pour modifier les relations avec l'Algérie.

Le président Abdelmadjid Tebboune accuse la France d’attiser les tensions. Une accusation étrange, tant Abdelmadjid Tebboune est coutumier de ce type de comportement. Une partie de sa légitimité est assise sur la haine de la France et il a notamment remis au goût du jour l'un des couplets de l'hymne national particulièrement explicite sur le sujet.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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