La TVA va-t-elle augmenter ? LFI riposte

L’abaissement du seuil d’exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les autoentrepreneurs, intégré dans le projet de loi de finances 2025, fait grincer des dents.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 6 février 2025 à 14h27
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La TVA va-t-elle augmenter ? LFI riposte - © PolitiqueMatin

Depuis le 1er mars 2025, les micro-entrepreneurs doivent facturer la TVA dès 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Un seuil bien inférieur aux 37 500 euros jusque-là en vigueur pour les prestations de services et aux 85 000 euros pour les activités commerciales. Cette modification, adoptée dans le budget 2025 sous l’impulsion du gouvernement de François Bayrou, a déclenché un tollé dans la sphère politique et économique. Face à cette grogne, LFI a annoncé vouloir déposer une proposition de loi visant à abroger cette réforme jugée « injuste et destructrice » pour les petits entrepreneurs.

Une tentative d’abrogation du texte sur la TVA

L’annonce de LFI ne surprend pas. Le parti de Jean-Luc Mélenchon et ses députés, emmenés par Éric Coquerel, président de la Commission des finances, dénoncent un coup porté aux travailleurs indépendants. Ils estiment que cette réforme va non seulement fragiliser les petites entreprises, mais aussi provoquer un ralentissement de l’activité économique en augmentant artificiellement les prix des prestations. « Ils nous avaient promis qu’il n’y aurait pas d’impôt supplémentaire pour les classes populaires et les indépendants, et voilà qu’ils les mettent à genoux ! » s’insurge Éric Coquerel.

LFI a donc annoncé le dépôt imminent d’une proposition de loi visant à annuler cette disposition. Selon les Insoumis, cette mesure est non seulement une atteinte au pouvoir d’achat des travailleurs indépendants, mais elle va également entraîner une augmentation du travail dissimulé, certains entrepreneurs préférant réduire leur chiffre d’affaires déclaré pour éviter de dépasser ce seuil. Mais quelle est la probabilité de voir ce texte aboutir ? La majorité présidentielle n’a pour l’instant pas affiché de signe d’ouverture.

Le gouvernement assume : une question d’équité et de recettes fiscales

Le gouvernement, de son côté, justifie cette réforme par la nécessité de mettre fin à une « distorsion de concurrence ». Selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, maintenir des seuils d’exonération différenciés créait une inégalité de traitement entre les entreprises soumises à la TVA et celles qui en étaient exemptées.

« Il ne s’agit pas d’un impôt déguisé mais d’une mesure d’équité fiscale qui mettra fin à une situation floue qui profite à certains au détriment des autres », a-t-elle déclaré. En clair, le gouvernement entend rationaliser la collecte de la TVA et récupérer plusieurs centaines de millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires, alors que la France fait face à un déficit public en forte hausse. Cependant, cette argumentation peine à convaincre ceux qui estiment que cette réforme aura des conséquences désastreuses sur les petits indépendants.

Les entrepreneurs en colère : entre résignation et mobilisation

Du côté des entrepreneurs, c’est la douche froide. Beaucoup de professionnels indépendants n’ont pas la possibilité d’augmenter leurs prix de 20 % pour absorber la TVA sans perdre des clients. « Cela remet tout en cause parce que cette TVA va impliquer qu’on augmente soit nos prix, soit qu’on réduise ce que l’on va gagner », explique Cathy Touin, auto-entrepreneuse en consulting et accompagnement.

D’autres estiment que cette mesure va les pousser à réduire volontairement leur activité pour rester sous le seuil fatidique de 25 000 euros. La Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE) alerte sur le fait que près de 250 000 indépendants seraient concernés et forcés de revoir leur modèle économique.  Ainsi, un autoentrepreneur réalisant 30 000 euros de chiffre d’affaires annuel en prestations de services n’était pas soumis à la TVA. Désormais, il devra facturer ses clients 20 % de plus ou absorber cette taxe dans sa marge. Une pétition en ligne a été lancée par les opposants à cette mesure et a déjà recueilli des dizaines de milliers de signatures.

Alors que le déficit public plonge vers des profondeurs qui semblent sans fin et que la dette est de plus en plus insoutenable, le gouvernement cherche des solutions pour augmenter ses recettes, donc réduire le déficit. Mais pour de nombreux Français, il devrait commencer par réduire les dépenses.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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