USAID démantelée par Trump : quels impacts pour l’aide humanitaire mondiale et l’Ukraine ?

Fermeture de l'USAID : un séisme pour l’aide internationale

Le président américain Donald Trump a annoncé la fermeture soudaine de l’USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international. Avec un budget de 42,8 milliards de dollars, représentant 42 % de l’aide humanitaire mondiale, cette agence était une pièce maîtresse de l’action humanitaire américaine. Pourtant, à peine revenu à la Maison Blanche, Donald Trump a signé un décret présidentiel ordonnant un gel immédiat de l’aide étrangère pour 90 jours, dans le cadre d’un réexamen budgétaire dirigé par Elon Musk.
Ce gel a eu des conséquences immédiates : près de 5 800 postes supprimés ou mis en congé administratif, tandis que seuls quelques centaines d'employés ont été jugés "essentiels". Pour les ONG et les pays bénéficiaires, c’est un véritable coup de massue.

Les programmes de santé soutenus par l’USAID étaient cruciaux dans la lutte contre de nombreuses maladies. 1,3 million de personnes séropositives avaient pu être sauvées grâce au programme Pepfar depuis 2003. Aujourd’hui, la fermeture de l’agence compromet la continuité des soins, notamment au Kenya, où les patients ne recevront plus leurs traitements d’antirétroviraux.
Les conséquences ne s’arrêtent pas là. 30 essais cliniques ont été stoppés net, dont ceux du Brilliant Consortium, qui développait deux vaccins expérimentaux contre le sida en Afrique. En Angleterre, des essais sur le paludisme sont désormais suspendus, laissant des patients sans suivi médical.
Le sort est similaire pour des recherches essentielles sur le choléra, la tuberculose et le cancer du col de l’utérus, menées en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ces études, financées par l’USAID, sont aujourd’hui gelées, compromettant des avancées pour la santé publique.

L’Ukraine privée de 38 milliards de dollars

L’un des plus gros bénéficiaires des fonds de l’USAID était l’Ukraine, en guerre contre la Russie depuis 2022. L’agence américaine a injecté 38 milliards de dollars pour soutenir Kiev.
Ce retrait soudain laisse un vide béant. Les infrastructures critiques, notamment en cybersécurité, sont menacées. L’USAID finançait en effet la protection des réseaux de communication ukrainiens contre les cyberattaques russes. En parallèle, d’autres pays vont voir leurs ressources s’effondrer. En Somalie, au Soudan du Sud et en Afghanistan, l’aide américaine représentait jusqu’à 40 % de l’ensemble des fonds humanitaires reçus.
Au Ghana, par exemple, l’arrêt des financements crée un déficit de 156 millions de dollars, avec des répercussions immédiates sur le secteur médical et agricole, spécifiquement sur l’accès aux médicaments et aux engrais.

Les effets du démantèlement de l’USAID ne se limitent pas aux bénéficiaires étrangers. 1 600 employés de l’agence aux États-Unis ont été licenciés, tandis que 4 200 autres ont été placés en congé administratif. Dans certaines régions, ce sont des économies locales entières qui s’effondrent.
À Fitzgerald, en Géorgie, 98 % de la production de Mana Nutrition, une entreprise spécialisée dans les produits alimentaires contre la malnutrition, était destinée à l’USAID. Avec la disparition soudaine des commandes, l’entreprise et ses employés sont directement menacés.