L’Organisation des Nations unies (ONU) a récemment été le théâtre d’un vote inattendu. Pour la première fois depuis le début du conflit ukrainien, les États-Unis et la Russie ont voté dans le même camp, validant une résolution qui ne fait aucune mention de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Cette décision marque une rupture avec la ligne diplomatique suivie jusqu’à présent par Washington et interroge sur les nouvelles priorités américaines.
Ukraine : le rapprochement entre Washington et Moscou visible à l’ONU

Une politique américaine en rupture avec le passé
Jusqu’à récemment, les États-Unis s’étaient systématiquement positionnés en défenseur de l’Ukraine au sein des instances internationales, notamment sous l’administration de Joe Biden (2021-2025). Mais l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche a tout changé. Le 24 février 2025, une résolution portée par Kiev et soutenue par l’Union européenne (UE) a été adoptée à l’Assemblée générale par 93 voix pour, 18 contre et 65 abstentions. Toutefois, Washington a voté contre, se rangeant notamment aux côtés de Moscou, du Bélarus et de la Corée du Nord.
Donald Trump, partisan d’un désengagement militaire et diplomatique des États-Unis, semble privilégier une approche plus pragmatique, voire transactionnelle, vis-à-vis de Moscou. Washington prône une approche visant à accélérer la fin du conflit, mais sans mentionner l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Une résolution américaine qui divise à l'ONU
En parallèle, les États-Unis ont soumis un texte alternatif prônant une cessation rapide des hostilités, mais sans faire référence à l’intégrité territoriale de l’Ukraine ni condamner l'agression russe. Cette omission a suscité la méfiance des Européens, qui ont amendé la proposition en réintroduisant des mentions clés sur la responsabilité de Moscou. Finalement, le texte modifié a été adopté à 93 voix pour, 8 contre et 73 abstentions, mais son essence initiale avait déjà été altérée.
C’est au Conseil de sécurité que Washington a réalisé un véritable coup de force. La résolution originale, expurgée des modifications européennes, a été adoptée par 10 voix pour et aucune contre, tandis que la France, le Royaume-Uni et d'autres pays européens se sont abstenus. Les deux pays auraient d’ailleurs pu choisir de bloquer l’adoption en utilisant leur veto pour la première fois depuis 1989.
Cette convergence entre Washington et Moscou inquiète les diplomates européens et interroge sur les nouvelles dynamiques internationales. Ce scénario signifierait que l’UE, qui s’est érigée en soutien indéfectible de Kiev, pourrait se retrouver marginalisée dans les négociations de paix. Barbara Woodward, ambassadrice britannique, a rappelé fermement la position de Londres : "Cette guerre est illégale, une violation claire de la Charte de l’ONU."
Même tonalité du côté de Nicolas de Rivière, représentant de la France, qui insiste sur le fait qu’une paix ne peut être "synonyme de capitulation de l’agressé."