Alors que l’exécutif cherche des milliards pour réduire le déficit public, une idée fait l’unanimité… contre elle. La suppression d’un avantage fiscal des retraités se heurte à un mur d’opposition. Simple question de fiscalité ? Pas seulement.
Abattement fiscal des retraités : plus de 7 Français sur 10 refusent sa fin

Ils votent, beaucoup. Ils rejettent toute perte d’acquis. Et leur image dans l’opinion est celle d’un groupe déjà fragilisé. Pour les gouvernements, difficile de toucher aux retraités sans prendre un risque politique extreme.
Fin de l'abattement fiscal : un rejet catégorique
Dans le cadre d’une stratégie d’économies de 40 milliards d’euros d’ici à 2026, le gouvernement envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % accordé aux pensions de retraite. Mais cette idée a du mal à franchir le seuil de l’opinion : selon un sondage Elabe pour BFMTV réalisé les 22 et 23 avril 2025, 73 % des Français s’y déclarent opposés.
Chez les retraités eux-mêmes, le rejet est encore plus massif : 88 %. Même chez les actifs, la désapprobation atteint 69 %. Ce n’est plus un désaccord, c’est un consensus.
Derrière ce chiffre, c’est une zone de non-réforme qui se dessine. Car les retraités ne sont pas un groupe comme les autres. Leur poids électoral est bien réel, leur participation aux scrutins élevée, et leur image publique souvent associée à une forme de fragilité économique.
Même si seuls 18 % des Français pensent que les retraités ont un niveau de vie supérieur aux actifs, cette perception les rend intouchables sur le plan fiscal. Le sondage révèle d’ailleurs que 44 % des Français jugent inacceptable de les mettre à contribution, préférant « d’autres moyens » pour réduire le déficit public.
Un climat de défiance qui s’accentue
La confiance envers l’exécutif continue de se déliter. Selon le même sondage Elabe pour BFMTV, 52 % des Français sont désormais favorables à une censure du gouvernement de François Bayrou, un chiffre en hausse de 8 points en un mois. Cette poussée est particulièrement nette chez les électeurs du Rassemblement national (65 %, +15) et du Nouveau Front populaire (67 %, dont 93 % chez les sympathisants LFI). Même dans les cercles modérés, la défiance progresse : 24 % des électeurs d’Ensemble (+10) et 31 % de ceux de LR (+8) soutiennent à présent l’idée d’une censure.
Ce n’est pas un hasard si la question de l’abattement fiscal ressurgit régulièrement, mais reste toujours bloquée. Les retraites, leur montant comme leur fiscalité, font partie des sujets les plus explosifs du débat politique. Toucher à un avantage symbolique, c’est risquer d’ouvrir une crise de confiance dans une frange de la population qui structure les majorités électorales.
Et même lorsqu’on limite l’hypothèse aux plus aisés, le terrain reste miné : 47 % des Français y sont favorables, mais 38 % des retraités seulement. La majorité reste donc réservée, même sur cette version édulcorée.