Coup de théâtre dans le processus judiciaire : alors que Salah Abdeslam devait purger une peine de prison à perpétuité incompressible en France, soit au moins trente ans, la Belgique a décidé de ne pas le transférer en France.
Abdeslam : et si la France ne pouvait plus punir les terroristes ?
Quand la Belgique soustrait Salah Abdeslam à la justice française
La cour d'appel de Bruxelles a pris une décision qui a fait l'effet d'une bombe : elle a interdit "temporairement" le retour de Salah Abdeslam en France. Pourquoi ? Les avocats belges du djihadiste ont mis en avant que la perpétuité incompressible, telle qu'elle est prononcée en France, pouvait être assimilée à un traitement inhumain et dégradant, notamment parce qu'elle efface toute possibilité de réinsertion et de libération. Une affirmation lourde de conséquences qui a poussé la justice belge à suspendre le transfert d'Abdeslam vers la France.
Cette décision s'appuie sur un argument de poids : la Convention européenne des droits de l'homme. La justice belge estime que le retour d'Abdeslam en France pourrait violer cette convention. Une position qui a été renforcée par les avocats d'Abdeslam qui ont toujours critiqué le traitement de leur client en France, notamment ses conditions de détention extrêmement strictes, et assimilé sa condamnation à une "peine de mort lente".
Une décision choquante pour les victimes et leurs familles
Salah Abdeslam est tristement célèbre pour sa participation aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris, qui ont fait 130 victimes. Il a pour cela été condamné à la perpétuité incompressible. Mais ce n'est pas tout. Il a également été impliqué dans les attentats de Bruxelles en 2016, qui ont coûté la vie à 35 personnes. Il a pour cela échappé de peu à la perpétuité pour être condamné à 20 ans de prison. Ces attaques, revendiquées par l'organisation État islamique, ont été orchestrées par la même cellule djihadiste et préparées en grande partie depuis la Belgique. Abdeslam a également été jugé en Belgique pour sa participation aux attaques de Bruxelles.
La décision de la Belgique de ne pas extrader Abdeslam vers la France signifie que la France ne pourra pas punir comme elle le souhaite celui qui a fait couler le sang sur son sol. Une situation qui suscite l'indignation et la frustration, notamment parmi les victimes des attentats. Chaque jour, les victimes encore en vie et de nombreuses familles revivent le cauchemar de la perte de leurs proches, subissant une souffrance incommensurable. Dans ce contexte, il est profondément choquant et incompréhensible que l'on puisse s'alarmer d'un potentiel "traitement dégradant" que constituerait une peine de prison, fût-elle à perpétuité. Il ne s'agit pas de maltraiter, mais de placer un terroriste dangereux derrière les barreaux, là où sa présence ne constituera plus une menace pour la société. La justice doit être rendue, et les victimes méritent que leur bourreau réponde de ses actes.