Pour Reconquête, l’argent des Français doit d’abord leur revenir. Sarah Knafo, député européen, est donc en guerre depuis quelques jours contre l’AFD, qui gère une partie des fonds destinés à l’aide publique au développement.
L’AFD dans le viseur de Sarah Knafo, député européen Reconquête

Le 26 février au soir, Sarah Knafo, député européen du parti Reconquête, a publié sur X un démenti des dix "mensonges" de l'Agence française de développement (AFD). Cette publication est la dernière étape actuelle d'une guerre que se mènent l'élue et l'AFD depuis plusieurs jours.
L'AFD, un gouffre financier pour le contribuable
Selon le projet de loi de finances 2024, l'aide publique au développement percevait en 2023 15,96 milliards d'euros. "Plus que le budget de la Justice (12,2 milliards) ou l’Agriculture (6,7 milliards)", note Sarah Knafo. En 2018, le budget de l'aide publique au développement s'élevait à 10,28 milliards d'euros, soit une hausse de 50 % en six ans. Cette somme est distribuée pour partie par l'AFD et pour partie par différents ministères : les Affaires étrangères, l'Economie et les Finances, l'Intérieur et l'Enseignement supérieur.
Donc résumons :
➡️ L’AFD reçoit de l’argent du contribuable chaque année en loi de finances. C’est son budget.
➡️ Elle le dépense majoritairement sous forme de dons faits dans des pays étrangers.
➡️ L’AFD a aussi des frais de structure à payer, son personnel, ses locaux. Et non… pic.twitter.com/Vyi7zuTN6p— Sarah Knafo (@knafo_sarah) February 26, 2025
L'aide publique au développement est donc distribuée à différents projets dans des pays majoritairement émergents. L'AFD affirme cependant que cette aide ne coûte rien au contribuable, car elle se fait sous forme de prêts. Or, selon les chiffres de l'aide au développement, 87 % des fonds alloués par l'aide publique au développement le sont sous forme de dons. Quand à l'AFD seule, ses allocations de crédits sont à 65 % des dons.
Un système de prêts peu rentable
Pour ce qui est des prêts, ils sont le plus souvent accordés à des taux de 0,25%. Or, les fonds de l'AFD proviennent à 85 % d'emprunts obtenus auprès des marchés financiers. Ces emprunts sont la plupart du temps contractés à des taux plus élevés que ceux que l'AFD accordera ensuite. Le différentiel d'intérêt est pris en charge par l'Etat. Il représente 1,7 milliard d'euros en 2024 et 7 milliards depuis 2017. Enfin, les remboursements ne sont souvent pas demandé aux pays.
Quand l'AFD perçoit des remboursements, elle en reverse une partie à l'Etat français. En 2021, elle a ainsi versé 21 millions d'euros. Cependant, l'Etat lui a auparavant versé plusieurs milliards.
L'AFD finance des projets politiques
L'aide au développement peut être qualifiée de soft power et favoriser des projets utiles à la France, d'une façon ou d'une autre. Pour Sarah Knafo, ce n'est pas le cas. Elle regrette ainsi que les fonds permettent de financer "l’éducation à l’égalité des sexes en Irak, le développement écoresponsable du ylang ylang aux Comores". Selon elle, "l’aide au développement, ce n’est pas le soft power, c’est le woke power." D'ailleurs, la loi de 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales stipule que trois quarts des projets financés doivent avoir pour objectif l'égalité femme-homme.
Or, dans les pays pauvres, cette question peut paraître moins importante que l'accès à l'eau potable, à l'électricité ou aux soins médicaux. Dans les projets financés par l'AFD, 881 contiennent le mot "inégalité" dans leur intitulé, 843 le mot "genre", 621 le mot "climatique" mais aucun les mots "terrorisme" ou "faim". On peut toutefois supposer que certains projets oeuvrent au recul de la faim dans le monde ou à la lutte contre le terrorisme. Leur intitulé laisse cependant craindre que ces causes ne soient que secondaires au regard de la lutte des sexes.
Des objectifs qui peinent à être atteints
Au cours de sa passe d'armes avec Sarah Knafo, l'AFD a affirmé auprès de France info que "Chaque année, nous ramenons trois milliards d'euros de contrats aux entreprises françaises". Cependant, la règle du déliement de l'aide de l'OCDE interdit de privilégier des entreprises nationales dans l'allocation de crédits. "Nous finançons des opérations dont les marchés peuvent être raflés par des entreprises chinoises !" s'insurge Sarah Knafo. Au reste, l'Etat français est très peu enclin à privilégier les entreprises françaises dans ses appels d'offres, quels qu'ils soient. Les entreprises françaises n'avaient donc pas forcément besoin des crédits de l'AFD pour obtenir des marchés.
Enfin, l'aide publique au développement a le plus grand mal à réduire les flux migratoires. L'amélioration des conditions de vie dans les pays en développement devrait permettre à ses habitants d'y rester plutôt que d'émigrer en France, où la vie qui les attend est au reste peu enviable. La réalité est tout autre. La France donne ainsi plusieurs millions d'euros chaque année aux Comores. La somme est passé de 16 millions en 2018 à 53 millions en 2022. Or, l'immigration comorienne à Mayotte a également augmenté.