Algérie : Pourquoi les Français veulent en finir avec les accords de 1968

Les relations entre la France et l’Algérie continuent de susciter des opinions divergentes au sein de la population française. Entre ressentiment historique, enjeux économiques et tensions diplomatiques, les Français semblent remettre en question certains accords bilatéraux.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 17 janvier 2025 à 18h17
Algérie

Un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio, réalisé les 14 et 15 janvier 2025, met en lumière des perceptions marquées des Français à l’égard de l’Algérie. Avec une participation de 1 000 personnes représentatives, l’enquête révèle des tensions latentes sur des questions liées aux accords bilatéraux de 1968.

Une image contrastée de l'Algérie parmi les Français

Selon le sondage, seulement 29 % des Français déclarent avoir une bonne image de l’Algérie, un chiffre bien en deçà des 68 % pour le Maroc et des 60 % pour la Tunisie. Cette perception est encore plus critique chez les sympathisants du Rassemblement National (14 %) et des Républicains (16 %). À l’inverse, les partisans de La France Insoumise et des Écologistes sont plus favorables, avec respectivement 58 % et 50 % d’opinions positives​.

Ce désamour est encore plus marqué chez les personnes âgées : parmi les plus de 65 ans, seulement 17 % déclarent avoir une bonne image de l’Algérie, tandis que les jeunes de moins de 35 ans sont légèrement plus indulgents, avec 43 % d’opinions favorables. Ce fossé générationnel reflète une perception globalement négative mais nuancée par l’âge.

Les accords franco-algériens de 1968 dans la ligne de mire

Les accords bilatéraux de 1968 offrent aux ressortissants algériens des avantages uniques en termes de visas, de regroupement familial et de création d’entreprise en France. Le maintien de cet accord historique suscite un large mécontentement. Une majorité des sondés, soit 61 %, se déclare favorable à sa suppression. Cette réforme est particulièrement soutenue par les sympathisants de la droite (79 %) et de l’extrême droite (65 %), mais même au sein de l’électorat de gauche, 52 % des répondants partagent cette opinion. Ces chiffres traduisent un consensus inattendu dans une France habituellement divisée sur les questions migratoires​.

Pourquoi ce rejet ? Les Français perçoivent ces accords comme une inégalité par rapport aux autres nationalités. De plus, le faible taux de reconduite des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (4 %) exacerbe les frustrations​.

L'Algérie : principal bénéficiaire des relations bilatérales

Selon 74 % des Français, c'est l'Algérie qui profite le plus des relations avec la France, contre seulement 26 % qui estiment que la France en tire un avantage. Cette perception traverse les clivages politiques, bien que les électeurs de La France Insoumise et des écologistes soient plus nuancés (38 % et 48 % partagent cet avis)​.

Ainsi, le pays continue de bénéficier d’aides significatives et d’avantages commerciaux. Une situation peu supportable par les Français étant donné le marasme budgétaire dans lequel la France se trouve engluée.

Le poids économique des ressortissants algériens en débat

Lorsqu'il s'agit de l'importance des Algériens vivant en France pour l'économie nationale, les avis divergent : 40 % des Français estiment qu’ils sont un atout économique, tandis que 60 % pensent le contraire. Ce clivage est particulièrement visible selon l'âge et la proximité politique. Par exemple, 70 % des sympathisants de La France Insoumise reconnaissent leur importance, contre seulement 20 % des partisans du Rassemblement National​.

Une défiance ancrée dans l'histoire

Le ressentiment des Français ne se limite pas à des considérations économiques ou diplomatiques. Ainsi, l'hymne national algérien contient des paroles hostiles envers la France, symbolisant une relation marquée par une méfiance certaine. Par ailleurs, la détention actuelle de Boualem Sansal, écrivain critique envers le régime algérien, illustre le climat tendu entre les deux nations.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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