Les conclusions d’un rapport de l’ONG environnementale américaine EIA (Environmental Investigation Agency) accusant Grupo Éxito, filiale colombienne du groupe de distribution Casino, de participer à la déforestation de l’Amazonie, se sont révélées fausses après une enquête des médias colombiens. Au regard de la gravité des accusations et de la fragilité des preuves présentées, c’est l’ensemble du travail des organisations défendant la forêt amazonienne qui risque de souffrir de discrédit.
L’ONG EIA est coutumière des opérations coup de poing. Des accusations sensationnalistes pour faire réagir la presse… Sauf que cette fois, l’essentiel de leurs accusations étaient basées sur un faux témoignage comme ont facilement pu le constater les journalistes du quotidien colombien El Tiempo qui ont démonté l’enquête de EIA et dénoncé les méthodes de l’ONG. Retour sur une affaire qui fait du bruit en Colombie.
Des accusations contre le groupe Casino fondées sur de fausses informations
Dans un rapport consacré à la déforestation, EIA accusait Grupo Éxito d’acheter du bœuf élevé dans des zones où des parcelles de forêt avaient été illégalement détruites. L’accusation fait du bruit en Colombie, mais également en France dans la mesure où le groupe Casino est la maison-mère de grupo Éxito. Plusieurs médias français ont rapidement relayé le rapport de l’EIA, mais également plusieurs associations françaises et anglo-saxonnes. Certaines ont même un statut de premier plan dans le paysage associatif écologiste : les françaises France Nature Environnement et Envol Vert (accusée il y a un an d’entretenir des liens avec le groupe Carrefour), ou encore l’ONG anglo-saxonne Mighty Earth.
Il aura fallu attendre plusieurs semaines et une enquête reprise par les médias colombiens de référence Semana et El Tiempo, pour réaliser que les accusations de l’ONG reposaient essentiellement sur un témoignage erroné et que les lots de boeuf mentionnés dans le rapport ne provenaient pas de zones protégées. Mais surtout : l’enquête menée révèle que le fournisseur incriminé… n’est pas un fournisseur de grupo Éxito. Si l’ensemble du château de carte s’est effondré, ce scandale risque de laisser des traces pour la crédibilité des ONG environnementales en Colombie.
Un faux-pas embarrassant dans un contexte d’urgence pour la forêt amazonienne
Cependant, l’essentiel du travail réalisé par la plupart des ONG est précieux et les défis à relever sont immenses, notamment en matière de lutte contre la déforestation. La Colombie fait en effet partie d’une des zones où la forêt amazonienne est la plus menacée. Selon l’ONG internationale WWF, qui fait référence à l’échelle internationale, deux des neuf fronts de la déforestation de l’Amazonie sont actuellement situés en Colombie.
Dans ce contexte d’urgence pour la préservation de la forêt amazonienne, les méthodes de EIA, comme d’autres ONG avant elle qui font le choix du sensationnalisme et de l’outrance pour alerter l’opinion publique, plutôt que de privilégier le travail de fond et le sérieux, posent un véritable problème de crédibilité pour la défense de la forêt amazonienne.