Alors que les discussions autour de l’adoption du budget approchent, Elisabeth Borne s’attaque à un sujet épineux : l’Aide médicale d’Etat (AME). Sa restriction permettrait d’économiser plusieurs millions d’euros.
AME : les clandestins bientôt privés de soins médicaux ?
L'AME, un gouffre pour les finances de santé
Chaque année, l'AME engloutit environ un milliard d'euros d'agent public, dont seulement 100 millions pour les soins urgents. Le reste va à l'AME de droit commun, ce qui peut englober les consultations médicales et dentaires, les médicaments et les analyses médicales. L'AME prend intégralement en charge les frais de santé des étrangers présents en France depuis au moins trois mois. Selon Véronique Louwagie, députée LR, l'AME coûte même 1,7 milliard d'euros si l'on compte la gestion et la recouvrance des hôpitaux. Son rapport mentionne près de 500 000 bénéficiaires qui auraient accès à presque autant de soins que les assurés classiques.
Le gouvernement, qui cherche les économies acceptables partout, se propose donc de restreindre l'AME aux soins urgents. Selon Darmanin, « c'est un bon compromis qui allie fermeté et humanité ». Afin d'identifier précisément les marges de manoeuvre dont le gouvernement dispose, Elisabeth Borne, la Première ministre, a demandé à Patrick Stefanini, qui a dirigé la campagne de Valérie Pécresse pour l'élection présidentielle, et à Claude Evin, ancien ministre socialiste des Affaires sociales, d'examiner la situation.
Entre pragmatisme et idéaux, la proposition divise
Economiser un milliard d'euros chaque année ? L'idée ne séduit pas tout le monde. François Braun, ministre de la Santé au printemps dernier, défendait « des enjeux de santé publique » et affirmait que l'urgence n'était pas si facile à déterminer. D'après lui, un diabétique peut être rééquilibré et se déséquilibrer ensuite. Peut-être faudrait-il, selon lui, soigner aux frais du contribuable et au long cours tous ceux qui n'ont pas la possibilité d'être pris en charge dans leur pays d'origine. Certains soignants arguent également qu'une prise en charge en situation d'urgence, donc tardive, est très coûteuse, ce qui ferait de la restriction de l'AME un non-sens économique.
En 2000, l'Aide médicale d'Etat (AME) a été créée pour que les travailleurs sans papiers, qui ne disposaient pas d'une couverture sociale par l'Assurance maladie, puissent tout de même être soignés. Aujourd'hui, ceux qui veulent en bénéficier doivent prouver qu'ils ont entamé des démarches pour obtenir un titre de séjour, ce qui évite en principe que les clandestins ne profitent du système. Dans la réalité, il suffit de se lancer dans une demande, même en sachant qu'elle n'aboutira pas. Pour un assuré standard, la consultation chez un professionnel de santé se divise en trois parts : celle qui est payée par l'Assurance maladie, pour laquelle l'assuré a cotisé. Celle qui est prise en charge par une assurance complémentaire, que l'assuré a payée, et enfin le tiers payant. Le bénéficiaire de l'AME, lui ne paie ni ne cotise.