Nouveau coup dur pour la souveraineté et l’industrie de l’armement français. Après l’annonce de la délocalisation de la production des uniformes de l’armée française à Madagascar, nous apprenons que le célèbre armurier Verney-Carron pourrait bientôt passer sous giron étranger.
Armement : la France en passe de perdre un de ses derniers fleurons

Le fabricant belge, FN Browning avait des vues sur Verney-Carron depuis l'automne 2024. Celui-ci a officiellement déposé une offre de rachat majoritaire pour prendre l'un des derniers fabricants d'armes de chasse et de petits calibres (dont non létales) utilisées par les forces de l'ordre françaises.
FN Browning veut acquérir Verney-Carron
L’industrie française de l’armement léger s’apprête à perdre l’un de ses derniers représentants historiques. Le groupe belge FN Browning, spécialisé dans les armes de petit calibre, et détenu par le fonds Wallonie Entreprendre, a officiellement déposé « une offre ferme pour racheter 70 % du capital de Verney-Carron », le 3 mars 2025. Cette proposition d'acquisition majoritaire n'est pas réellement une surprise. En réalité, FN Browning lorgnait depuis l'automne 2024 sur le célèbre armurier français, détenu depuis 2022 à hauteur de 65 % par Cybergun. Le fleuron français a été placé en redressement judiciaire le 12 février 2025. Avec un chiffre d’affaires en chute libre (5,45 millions d’euros en 2023, moins de 4 millions en 2024) et un passif cumulé de 20,4 millions d’euros, l’entreprise stéphanoise n’a en effet eu d’autre choix que de chercher un repreneur.
FN Browning promet d’investir plusieurs millions d’euros pour relancer l’activité et moderniser la production. La direction belge assure par ailleurs que « les ateliers resteront à Saint-Étienne », et a tenu à affirmer son intention de maintenir l'orientation de la production de Verney-Carron vers le secteur de la défense. Nonobstant, le groupe belge envisage de réduire les effectifs du groupe français, soit d'environ 10 suppressions de postes, sur les 68 salariés, rapporte l'AFP.
Un fleuron français délaissé par son principal client : l'État français
La crise de l'armurier français ne date pas d’hier. Fondée en 1820, Verney-Carron a en effet longtemps été un fournisseur clé du ministère de l’Intérieur, notamment avec l'un de ses produits phares : le Flashball. Mais l’État français a progressivement réduit ses commandes, privilégiant d’autres fournisseurs étrangers, pour des raisons de coûts et/ou de la baisse d’utilisation des armes non létales. Privé de son principal marché intérieur, et faisant face à une baisse de ses ventes sur le segment des armes de petit calibre et de chasse, Verney-Carron a pourtant bien tenté de se tourner vers l’exportation.
Un dernier espoir subsistait : un contrat avec l’Ukraine pour lui fournir des carabines et des fusils dans le cadre du soutien militaire occidental face à la Russie, et qui devait être scellé début 2024. Mais cet accord, sur lequel la direction comptait pour redresser ses finances, n’a jamais été finalisé, ce qui a retiré toute perspective de relance pour l'armurier français. L'offre de rachat de Verney-Carron s'annonce comme un nouveau mauvais signal pour la souveraineté industrielle France. Si celle-ci se concrétise et que ce savoir-faire français bicentenaire passe sous contrôle belge, la France se retrouvera encore davantage dépendante d’un acteur étranger pour équiper ses propres forces de l'ordre, et par conséquent, pour assurer sa sécurité et sa défense.