La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), en partenariat avec le courtier britannique Aon, a annoncé avoir lancé le 12 décembre 2024 un programme de garantie inédit en vue de rétablir la confiance des investisseurs en Ukraine.
Ukraine : l’UE veut lancer la reconstruction, et ça passe par l’assurance
L'objectif de la BERD à travers cette garantie pour l'Ukraine est de relancer l’économie du pays en offrant aux entreprises la possibilité d’assurer leurs activités, notamment dans le secteur du transport, et ce, malgré les risques liés à la guerre.
Relancer le secteur de l'assurance en Ukraine
Depuis le début de la guerre, les grands réassureurs internationaux se sont retirés d’Ukraine, paralysant le marché local de l'assurance. Sans couverture possible, les entreprises hésitent à investir, faisant ainsi s'effondrer les échanges commerciaux. Pour contrer cette situation, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a lancé un programme de garantie - de réassurance de 110 millions d’euros. Ce fonds de garantie est soutenu par l'Union européenne, et plus particulièrement par la Suisse, la France, le Royaume-Uni et la Norvège, auxquelles s'ajoute un financement technique dédié à l'opérationnel de Taïwan.
Le programme cible trois secteurs prioritaires :
- Le transport de marchandises par voie terrestre,
- Les véhicules automobiles,
- Le matériel ferroviaire.
« Nous avons identifié un besoin, en particulier pour les gens qui expédient des marchandises en Ukraine et ont besoin que leurs wagons et leurs camions soient assurés », souligne Francis Malige, directeur des institutions financières à la BERD. « Le risque de guerre est couramment pris en charge dans l'assurance maritime et aérienne, mais pas dans d'autres secteurs de l'assurance. C'est donc un instrument quelque peu innovant » ajoute-t-il. Ce fonds de garantie repose sur un principe : transférer une partie des risques des assureurs ukrainiens vers des réassureurs internationaux comme MS Amlin, qui d'ailleurs a été le premier à s’y engager. Grâce à cette approche, la BERD estime que le programme pourrait couvrir jusqu’à 1 milliard d’euros de biens et de véhicules en transit annuellement.
Attirer les investisseurs
En sécurisant les actifs des entreprises face aux risques de guerre, ce programme vise à relancer les échanges économiques et à attirer les investisseurs internationaux. Pour Odile Renaud-Basso, présidente de la Berd, « ce mécanisme permettra de construire un marché de l’assurance résilient en Ukraine et de débloquer et accélérer les investissements ».
Les compagnies ukrainiennes, telles que INGO, Colonnade et UNIQA, joueront un rôle central dans la distribution de ces nouvelles garanties. Cette garantie permettra de répondre à une demande urgente des entreprises locales, tout en créant les conditions nécessaires à une reprise économique progressive de l'Ukraine. Le PDG du courtier britannique Aon, Greg Case, appuie : « L'engagement indéfectible d'Aon envers l'Ukraine oblige notre société à continuer d'identifier de nouvelles opportunités d'investissement pour les entreprises dans le pays pendant la guerre en cours. »
Assurer la continuité des flux commerciaux
Dans un pays en guerre, l’accès à une assurance fiable est en effet indispensable. Sans couverture des risques, aucune entreprise ne peut sécuriser ses actifs, et ipso facto, envisager son développement à moyen - long terme. Le programme de la BERD cible cet enjeu vital pour l'Ukraine : en couvrant les secteurs stratégiques du transport terrestre et des véhicules, il garantit la continuité des flux commerciaux essentiels à la survie de l’économie ukrainienne. Jusqu’ici, les solutions existantes, comme le programme d’assurance maritime pour les exportations via la mer Noire, ne couvraient que des produits agricoles et industriels. Ce nouveau dispositif vise ainsi à élargir les garanties des assureurs afin de répondre aux besoins des entreprises, en particulier celles opérant dans le transport terrestre, un secteur vital pour le pays.
Comme le rappelle la BERD, celle-ci a déjà investi plus de 5,4 milliards d’euros en Ukraine depuis 2022 pour soutenir des secteurs essentiels tels que l’énergie, le commerce, les infrastructures, la sécurité alimentaire et le secteur privé. Francis Malige, directeur des institutions financières à la BERD conclut : « Le dispositif repose sur la demande. Il sera capable de croître et d’évoluer en fonction des besoins du marché, car la reconstruction de l’Ukraine ne sera pas un processus linéaire. »