Après avoir qualifié de « sauvageons » les auteurs de la très violente attaque contre des policiers à Viry-Châtillon dans l’Essonne, le ministre de l’Intérieur essuie la colère de la droite mais aussi d’une partie de la gauche.
Pour Marine Le Pen, il s’agit de « criminels »
Pour désigner les auteurs de la violente agression de policiers, dans l’Essonne, samedi 8 octobre, Bernard Cazeneuve a utilisé un terme pour le moins malheureux : des « sauvageons ». Ces policiers ont été « confrontés à une bande de sauvageons qui ont agi avec lâcheté », qui seront « rattrapés » et « sévèrement punis », a assuré sur RTL le ministre de l’Intérieur
Une expression qui n’est pas du tout passé. « Je vous rappelle qu'Ils n'ont pas craché par terre mais brûlé vif des policiers », s'est indignée sur Twitter la présidente du Front national, Marine Le Pen. Pour elle, il s’agit de « criminels ». Les terroristes islamistes seront-ils bientôt qualifiés de « jeunes turbulents » ? ironise le secrétaire général du FN, Nicolas Bay.
« C'est une honte de parler de sauvageons »
A droite aussi, les réactions n’ont pas manqué. « Quand on organise un guet-apens contre des fonctionnaires de police à Viry-Châtillon, c'est une honte de parler de sauvageons comme le fait l'actuel ministre de l'Intérieur », a fait savoir l’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy. « Ce sont des criminels car s'attaquer à un policier de la République pour tuer, c'est un crime. S'attaquer à un fonctionnaire de police, c'est s'attaquer à la République. »
Ce n’est pas la première fois qu’un ministre de l’Intérieur utilise ce mot pour qualifier des délinquants. En 1999, Jean-Pierre Chevènement l’avait utilisé à l’égard de mineurs multirécidivistes. A l’époque, on lui avait reproché de stigmatiser les jeunes de banlieue.
Cette fois encore, certains commentateurs de gauche ont fait le même procès à Bernard Cazeneuve. « Le mot "sauvageon" a une certaine force de frappe », écrit le sociologue Laurent Mucchielli, dans L’OBS. « Dans "sauvageon", il y a "sauvage", un terme qui renvoie donc à l'idée d'absence de civilisation et de violence presque un peu animale. » Une analyse qui semble encore une fois faire diversion face à la violence de l’attaque. Ne veut-on pas voir la vérité en face ?