Après l’épouvantable attentat survenu le soir du 14 juillet à Nice, on ne peut pas dire que la classe politique ait montré un bel exemple de solidarité. Les Français assistent désabusés à un spectacle désolant qui n’est malheureusement pas à la hauteur des événements.
Des accusations, des demandes de démission
S’il est point sur lequel, l’ensemble de la classe politique a su se mettre d’accord c’est bien que l’attentat de Nice est le fait d’un homme habité par la haine, d’un homme déshumanisé qui a posé un acte d’une extrême gravité. Pour le reste, très vite, les invectives, les recherches de coupables, les récupérations politiques se sont multipliées.
« On a le sentiment d'avoir affaire à des vautours », a commenté le député PS Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission d'enquête sur les attentats de 2015, dans les colonnes du Parisien. « Alain Juppé assure que 'si tous les moyens avaient été pris, l'attentat n'aurait pas eu lieu'. Qu'il nous explique quelle mesure aurait permis d'empêcher ce passage à l'acte ! C'est ridicule, il n'y en a aucune. Cette surenchère entre les candidats à la primaire de la droite est mortifère. »
Les déclarations à droite ont en effet été nombreuses. « Dans n'importe quel pays du monde, je dis bien dans n'importe quel pays du monde, un ministre au bilan aussi épouvantable que Bernard Cazeneuve, 250 morts en 18 mois, aurait démissionné », a lancé la présidente du FN Marine Le Pen, au cours d'une conférence de presse donnée depuis le siège du parti, à Nanterre.
Des attaques personnelles, des discours déplacés
Face à ces attaques, Bernard Cazeneuve a répliqué avec force : « Marine Le Pen n'a qu'un discours, c'est de pointer les musulmans de France et de créer au sein de la société française des divisions, des antagonismes, des fractures insurmontables ». Et d’ajouter : « Nous avons une formation politique en France qui tend la main à la division et bien ça, ça doit être dit ». Le FN ferait-il le jeu de l’Etat islamique ? C’est ce qui est suggéré.
On peut être d’accord ou pas avec les différents arguments avancés. Le problème n’est pas là. Ce qui met mal à l’aise les Français c’est cette récupération. Pourquoi insulter, chercher des coupables ? Pourquoi ne débat-on pas du fond au lieu de défendre bec et ongle son camp ? Posons les faits, voyons ce qui a été entrepris depuis l’attentat contre Charlie Hebdo et faisons en sorte que de tels attentats ne se répètent pas.
Il est impossible de ne pas penser que chacune de ces déclarations serve des intérêts personnels. Les Français sont en colère. Et cette colère doit être entendue et accueillie par la classe politique. Peut-on se mettre un instant à la place des familles des victimes qui ont aujourd’hui l’impression d’être instrumentalisées ?