Ce dimanche, les Kazakhstanais se rendent aux urnes. Une étape supplémentaire dans la démocratisation accélérée de cet immense pays, ami de la France.
Par Goulsara Arystankoulova, Ambassadrice du Kazakhstan en France
Depuis plusieurs mois l’actualité diplomatique se bouscule et les tensions géopolitiques atteignent des niveaux inédits depuis des décennies. Les nations démocratiques, chahutées par la montée des populismes et menacées par les régimes autoritaires, se démènent pour défendre leurs valeurs.
Les élections présidentielles de dimanche prochain représentent un signal fort, envoyé au monde entier, un message d’espoir démocratique porté par le peuple kazakhstanais.
Car si des élections ont eu lieu régulièrement depuis notre indépendance en 1991, l'élection présidentielle du 20 novembre prochain peut être considérée comme l'une des plus importantes pour l'avenir de la politique démocratique de notre pays.
Cette année a été la plus tumultueuse de notre histoire récente. Notre pays a d'abord été secoué par les événements tragiques de janvier, lorsque le Kazakhstan a subi une tentative de coup d'État armé. Un peu plus d'un mois plus tard, un conflit a éclaté en Ukraine, affectant indirectement l'économie de notre pays.
Et pourtant, malgré ces défis, notre nation a commencé à écrire un nouveau chapitre de son développement politique. En mars, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a proposé des réformes constitutionnelles visant à transformer l'ensemble du modèle d'État et la forme de gouvernement de notre pays en limitant les pouvoirs du président, en renforçant le rôle du parlement, en améliorant l'engagement des citoyens dans les processus politiques et en renforçant encore la protection des droits de l'homme.
Un référendum pour plus de démocratie
Près de 77% de nos citoyens ont voté en faveur de ces amendements constitutionnels lors d'un référendum organisé en juin. C'était une démonstration de ce que représente un Kazakhstan nouveau et juste - notre engagement ferme envers les principes démocratiques et un rôle accru des citoyens dans le processus décisionnel de l'État.
Et grâce à l'engagement délibéré de notre peuple en faveur du développement démocratique, notre nation est devenue une figure de proue des réformes économiques, sociales et politiques dans l'espace postsoviétique.
La mise en œuvre de réformes concrètes nous a permis d'acquérir une base solide et de nous tourner vers un avenir radieux. Nos initiatives économiques sont axées sur la diversification, la démonopolisation et la garantie d'une répartition équitable du revenu national.
Un seul mandat présidentiel de sept ans
Et surtout, le mandat présidentiel a été réduit de deux mandats de cinq ans à une seule période de sept ans sans possibilité de réélection. Cette initiative permettra d'éliminer les risques de monopolisation du pouvoir et de renforcer les principes fondamentaux de la démocratie.
Compte tenu de ces modifications et réformes constitutionnelles substantielles, le président en exercice Tokaïev a décidé, en septembre, de demander une confirmation démocratique de son mandat pour la transformation fondamentale du Kazakhstan au cours des sept prochaines années. Notre pays évolue à un rythme rapide, et il est important que nos citoyens expriment leur opinion sur l'orientation future de la nation. L'élection sera l'occasion de réfléchir aux trois années de présidence de M. Tokaïev et de voir si la population adhère à la vision d'un nouveau Kazakhstan.
Cette élection sera également l'une des plus diversifiées de l'histoire de notre pays. Six candidats se présentent avec des opinions politiques différentes, y compris des représentants de l'opposition, ce qui donne un large choix à l'électorat. En outre, pour la première fois dans notre histoire, deux femmes se présentent à la présidence. Il s'agit d'une autre étape importante dans le développement démocratique continu du Kazakhstan. Depuis de nombreuses années, le Kazakhstan prend des mesures concrètes pour garantir l'égalité des sexes et promouvoir le rôle des femmes dans les affaires et la politique. Nous sommes aujourd'hui témoins des fruits de ces efforts.
Le processus de désignation des candidats à la présidence a aussi été réformé pour être plus ouvert et équitable. Six candidats, représentant différentes politiques et visions pour le pays, sont candidats dimanche et c'est une nouvelle preuve de la démocratie à l'œuvre.
Bien sûr, il est crucial de s'assurer que l'élection sera libre et équitable. Ce n'est pas un secret que notre région est encore en train de développer les mécanismes démocratiques nécessaires pour garantir des élections totalement ouvertes. Néanmoins, je crois que le Kazakhstan démontre qu'il va au-delà des attentes générales.
Pour que l’élection se déroule de manière équitable, ouverte, le pays mise sur la large participation d'observateurs nationaux et internationaux. Les élections précédentes ont été surveillées par le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'homme (BIDDH) de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi que par de nombreuses autres organisations internationales. Le Kazakhstan a toujours fait bon accueil aux observateurs et à leurs commentaires constructifs, et nous nous réjouissons de les accueillir à nouveau pour les prochaines élections.
Le Kazakhstan, un ami de la France
Compte tenu des importants défis géopolitiques mondiaux, le vote à venir est important non seulement pour le Kazakhstan, mais aussi pour la communauté internationale. En tant que pays situé entre l'Asie et l'Europe, nous jouons un rôle clé dans la facilitation des échanges entre les deux régions. Compte tenu de nos liens diplomatiques avec toutes les parties, nous sommes également prêts à contribuer à la résolution du conflit en Ukraine de toutes les manières possibles. Sur le plan économique, notre gouvernement s'est également employé à améliorer le climat d'investissement au Kazakhstan, faisant de nous la première destination d'investissement de la région. Je ne doute pas que notre gouvernement poursuivra sur cette voie après l'investiture du nouveau président.
Enfin et surtout, le Kazakhstan a une relation particulière avec la France : dans le ferroviaire, l’aéronautique, l’agroalimentaire et surtout, dans l’énergie, nos deux pays ont noué ces dernières années des partenariats essentiels à nos deux pays. Et avec le scrutin de dimanche prochain, nous sommes fiers de nous rapprocher encore davantage des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité que défend la France depuis des siècles.
Pour conclure, je rappellerai ceci : au cours des 30 dernières années, le peuple du Kazakhstan a créé une société stable, prospère et inclusive. L'exercice de notre droit démocratique par un vote national contribuera à renforcer ce que nous avons réalisé. Et une fois le nouveau président élu, nous continuerons à développer des liens étroits entre le Kazakhstan et la France. Compte tenu des bases solides que nous avons construites, j'ai toutes les raisons d'être optimiste quant à l'avenir des relations entre nos pays.