Précarité automobile : les Franciliens ne veulent pas des ZFE

Depuis le 1er janvier 2025, les véhicules classés Crit’Air 3 n’ont plus le droit de cité dans les ZFE de Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier, excluant brutalement près de 440 000 véhicules rien que pour le périmètre du Grand Paris. Présenté comme une avancée écologique par les autorités, le calendrier ZFE suscite un rejet toujours aussi massif de la part de la population, en particulier des Franciliens, en témoignent les deux études relayées par BNP Paribas dans son communiqué du 11 mars 2025.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 12 mars 2025 à 15h13
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Précarité automobile : les Franciliens ne veulent pas des ZFE - © PolitiqueMatin

Non, c'est non ! Et pourtant... Les politiques persistent et signent : les Zones à Faibles Émissions (ZFE), imposées par la Loi d'Orientation des Mobilités (LOM) de 2019, s’étendent au fil des années malgré la colère montante des automobilistes. Après les alertes répétées de citoyens et de certaines figures publiques — tel qu'Alexandre Jardin — c’est désormais au tour de BNP Paribas de relayer les inquiétudes des ménages modestes et des entreprises. Deux études, l’une menée par l’Observatoire Cetelem et l’autre par BNP Paribas Mobility, confirment que les ZFE sont majoritairement considérées comme injustes, autant par les particuliers que par les entreprises.

Le guet-apens des ZFE pour les plus modestes

Pas de quiproquo possible. Selon les résultats de l’étude L’Automobiliste en plein brouillard de l'Observatoire Cetelem, relayée par BNP Paribas : 83 % des Franciliens considèrent que les ZFE sont injustes pour les ménages les plus modestes. La disparité entre Paris intra-muros et la périphérie est particulièrement frappante : les véhicules classés Crit’Air 3 ou plus concernent 43 % du parc automobile en périphérie, contre seulement 16 % dans les quartiers centraux de la capitale.

Les aides mises en place par l’État, comme le leasing social à 100 euros par mois, bien qu'ayant permis à certains foyers modestes d'acquérir un véhicule électrique (50 000 commandes contre 25 000 initialement prévues par le dispositif), restent très largement insuffisantes au vu du nombre de ménages concernés par la précarité automobile qui advient. Résultat de l'étude : 4 Franciliens sur 10 déclarent contourner les ZFE pour éviter les sanctions, et même 2 sur 10 (23 %) admettent y circuler malgré les interdictions, faute de solution alternative.

Alerte pour les entreprises et les indépendants

Les professionnels ne sont pas épargnés par ces restrictions, bien au contraire. Selon le rapport de BNP Paribas Mobility, 50 000 véhicules utilitaires légers supplémentaires sont interdits de circulation dans la Métropole du Grand Paris depuis le 1er janvier 2025. Les entreprises du secteur de la logistique figurent parmi les plus durement touchées : 27 % de leurs véhicules ne respectent plus les critères environnementaux imposés par les ZFE. Pour les artisans et les commerçants, souvent contraints d’utiliser des véhicules spécialisés (frigorifiques, utilitaires de grande capacité, etc.), les solutions de remplacement (transports en commun) ne sont tout simplement pas adaptées ou trop coûteuses.

Les entreprises situées en périphérie sont particulièrement pénalisées. En dehors de Paris intra-muros, 21 % des véhicules professionnels sont désormais interdits de circulation, contre seulement 4 % dans les quartiers centraux de la capitale. Face à cette situation, ces entreprises n'ont que deux options : renouveler leur flotte ou s'exposer aux amendes prévues à partir de 2026. Dans les deux cas, ces contraintes risquent d'entraîner une baisse de leur chiffre d'affaires, voire leur faillite pour les plus fragiles d'entre elles.

Ça sent le roussi...

Les ZFE sont vues par une majorité de Français comme une politique « écologique punitive » menée « contre les classes populaires », contre les « gueux ». C'est ce qu'avait dénoncé le romancier Alexandre Jardin dans une vidéo postée sur X, devenue virale en moins de 48 heures fin décembre 2024. Il y lançait un avertissement aux politiques sur une révolte qui menace d'éclater.Les conclusions des deux études relayées par BNP Paribas semblent lui donner raison : ça sent le roussi.

Certains responsables politiques en ont conscience. Trente-cinq députés ont en effet demandé un moratoire de cinq ans pour repousser l’application des interdictions concernant les véhicules classés Crit’Air 3. Les autorités finiront-elles par entendre ces signaux d’alerte ?

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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