Bayrou et Mayotte : Défis et Perspectives du 8h30 Franceinfo Par François Hollande
Bayrou et Mayotte : Défis et Perspectives du 8h30 Franceinfo Par François Hollande
François Hollande exprime ses préoccupations sur le cumul de mandats et la situation internationale
François Hollande, député socialiste de la Corrèze et ancien président de la République, était ce mercredi l’invité de l’émission politique "8h30 franceinfo". Face à Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis, il a abordé plusieurs thèmes d’actualité, dont la polémique sur le cumul des mandats, les déclarations de Bruno Retailleau sur l'immigration, les orientations du gouvernement Bayrou et les récentes évolutions en Syrie. Voici les principaux points à retenir.
Le cumul des mandats : une critique claire envers François Bayrou
Interrogé sur la décision du Premier ministre François Bayrou de conserver son mandat de maire de Pau, François Hollande a exprimé une opposition ferme. « Il n'est pas possible d'assurer, quand on est ministre et a fortiori Premier ministre, une fonction aussi éminente et une fonction locale », a-t-il déclaré, ajoutant que mettre ce sujet au premier plan du débat public était une erreur.
L'ancien président a également soulevé des préoccupations liées à d’éventuels conflits d’intérêts. Selon lui, un dirigeant exerçant une fonction locale pourrait être tenté de privilégier son territoire au détriment de l’intérêt national. Il a notamment critiqué la décision de François Bayrou de présider un conseil municipal à Pau plutôt que de se rendre à Mayotte après le passage dévastateur du cyclone Chido. « Sûrement qu'il eût mieux valu que le Premier ministre [...] prenne du temps pour rester à Paris et surveiller ce qu'il se passe », a-t-il ajouté.
Réaction aux propos de Bruno Retailleau sur l'immigration
François Hollande a également réagi aux déclarations du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait affirmé que la reconstruction de Mayotte nécessitait de traiter la question migratoire. Pour François Hollande, ces propos étaient déplacés dans le contexte de la catastrophe. « Je ne suis pas sûr que c'était opportun d'en parler, au moment où les Mahorais et aussi les irréguliers », a-t-il souligné, tout en rappelant les difficultés historiques et sociales de Mayotte, département confronté à une immigration importante en provenance des Comores.
Selon l’élu corrézien, la crise migratoire à Mayotte doit être analysée à travers une perspective historique. Il a rappelé que les tensions remontaient à la séparation entre Mayotte et l’archipel des Comores, ces derniers ayant choisi de rester indépendants tandis que les Mahorais souhaitaient leur maintien au sein de la République française.
Une distance marquée avec le gouvernement Bayrou
Alors que François Bayrou poursuit ses consultations politiques à Matignon, François Hollande a réaffirmé que les socialistes ne participeraient pas au gouvernement. « Nous ne partageons pas les positions politiques de cette majorité très étroite », a-t-il déclaré.
Cependant, l’ancien président a laissé entendre que le groupe socialiste pourrait conditionner son soutien à des garanties sur plusieurs questions clés, notamment la justice fiscale, l’Éducation nationale et la réforme des retraites. Concrètement, François Hollande appelle à un compromis sur l'âge légal de départ à la retraite fixé à 64 ans, sans exiger son abrogation pure et simple, comme le fait La France Insoumise.
Syrie : appel en faveur de la protection des Kurdes
François Hollande s’est également prononcé sur la situation en Syrie, où l’Union européenne envisage d’intensifier ses relations avec le groupe islamiste HTS après la chute du régime de Bachar al-Assad. Il s’est particulièrement inquiété du sort des Kurdes syriens, qu’il appelle à protéger.
« Il ne peut pas y avoir d'attaques contre les Kurdes de Syrie. Ce sont eux qui nous ont aidés à lutter contre Daesh », a-t-il affirmé. L’ancien président a également mis en garde contre les implications sécuritaires d’un relâchement de la pression sur les prisonniers de Daesh, majoritairement détenus dans des camps contrôlés par les Kurdes. « S'ils sont remis dans la nature, ils viendront un jour ou l'autre sur notre territoire »