Bernard Cazeneuve : entretien d’embauche ou brouillage de pistes ?

Bernard Cazeneuve, le vrai retour ?

En 2017, Bernard Cazeneuve n’avait pas quitté le navire socialiste, alors en difficulté. Fidèle au président Hollande jusqu’au bout, il a été récompensé en occupant le poste de Premier Ministre pendant quelques mois. Mais désormais, la donne politique a changé. D’une part, il est en rupture avec le Parti Socialiste depuis l’alliance avec la France Insoumise au sein de la NUPES en 2022. D’autre part, il entend bien défendre sa position. Bernard Cazeneuve correspond au portrait-robot d’un potentiel Premier Ministre. De centre gauche, capable de parler aussi bien aux socialistes qu’à la macronie, sans se faire censurer par la droite, il pourrait réunir une majorité de députés opposés à une éventuelle motion de censure.

Mais surtout, c'est un homme d’État. Ainsi, Emmanuel Macron devrait pouvoir garder ses domaines réservés intacts. Et cela, ça compte dans la tête du Président de la République. D’ailleurs, Bernard Cazeneuve ne serait pas contre garder Sébastien Lecornu aux Armées, un très proche du locataire de l’Élysée.

Un écran de fumée de plus ?

Et pourtant, Bernard Cazeneuve est encore loin de Matignon. D’ailleurs, Emmanuel Macron reçoit également dans la journée un certain Xavier Bertrand. Une sorte de Bernard Cazeneuve, mais de droite. Macro-compatible, il insiste depuis plusieurs semaines pour occuper la fonction. D’autre part, Bernard Cazeneuve souhaite une vraie alternance, ferme. Sur certains points, comme la réforme des retraites, il souhaite revenir en arrière. Impensable pour Emmanuel Macron, surtout dans un contexte de crise des finances publiques.

Par ailleurs, Bernard Cazeneuve n’exclut pas des hausses d’impôts, sans savoir pour le moment s’il s’agit d’augmentations pour les entreprises ou les particuliers. Une idéologie à contre-courant de l’ADN macronien. Mais surtout, il incarne le passé, un monde où l’Assemblée nationale était divisée entre deux clivages gauche/droite. Sa nomination serait un aveu d’échec pour Emmanuel Macron, celui de ne pas avoir réussi à transformer durablement la manière de faire de la politique dans le pays.