Depuis des décennies, l’institut religieux Notre-Dame de Bétharram est au cœur d’un scandale d’abus physiques et sexuels impliquant plus d’une centaine de victimes (112 plaintes actuellement). Pourtant, François Bayrou, dont plusieurs enfants ont fréquenté l’établissement et qui était ministre de l’Éducation nationale à l’époque des premiers signalements, assure n’avoir jamais été informé. Une enquête publiée ce mercredi 5 février 2025 par Mediapart remet en cause cette version : pouvait-il réellement ignorer ces crimes ?
Bétharram : selon Médiapart, François Bayrou ne pouvait pas ignorer les faits
En 1996, un surveillant général de l’institut Bétharram est condamné pour violences graves sur un élève. En 1998, le directeur est mis en examen pour viol avant d’être exfiltré au Vatican. Pendant toutes ces années, François Bayrou a défendu l’établissement. Aujourd’hui, face aux révélations de Mediapart, son déni devient difficile à justifier.
Le Premier ministre face aux révélations de Mediapart
Mediapart publie ce mercredi 5 février 2025, en plein vote des deux motions de censure après le déclenchement de deux 49.3 lundi pour le budget 2025 et le PLFSS 2025, une enquête accablante : selon le média d'investigation, François Bayrou, ancien ministre de l'Éducation nationale' et actuel Premier ministre, ne pouvait pas ignorer les affaires de violences physiques et sexuelles survenues à Notre-Dame de Bétharram. L'institut religieux béarnais, où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés, est au cœur d’un scandale impliquant plus d'une centaine de plaintes. Pourtant, l’homme politique persiste : il n’aurait jamais eu connaissance de ces abus.
En 1996, alors que l’affaire faisait grand bruit, François Bayrou s’était rendu sur place… pour soutenir l’établissement.
Situé à une trentaine de kilomètres de Pau, ville où l'actuel Premier ministre est maire depuis 2014, l’institut Notre-Dame de Bétharram a été le théâtre de violences répétées entre les années 1950 et 2010. Selon les plaintes, des enfants âgés de 8 à 13 ans ont subi des actes de maltraitance physique et sexuelle, perpétrés par des prêtres et des surveillants. Aujourd’hui, 112 plaintes ont été déposées, dont une cinquantaine pour agressions sexuelles.
L’enquête de Mediapart met en lumière un fait troublant : dès 1996, un surveillant général de l’établissement est condamné pour avoir violemment frappé un élève. À l’époque, François Bayrou est ministre de l’Éducation nationale et pourtant, il assure aujourd’hui être passé à côté de cette affaire. Une version que conteste le père de la victime, qui rappelle que son fils était dans la même classe que l’un des enfants de François Bayrou.
Des alertes répétées dès les années 1990
Mediapart affirme que des parents d’élèves et une enseignante auraient alerté François Bayrou à trois reprises à la fin des années 1990. L’affaire prend une tournure encore plus grave en 1998, lorsque le père Carricart, alors directeur de l’établissement, est mis en examen pour le viol d’un élève. Peu après sa détention provisoire, il est exfiltré au Vatican où il se suicide en 2000.
Malgré ces événements, François Bayrou continue d’assurer qu’il n’a jamais été informé. Pourtant, son épouse, Élisabeth Bayrou, enseignante en catéchisme à Bétharram, s’est rendue aux obsèques du religieux mis en cause. De plus, un juge ayant instruit l’affaire exprime que François Bayrou lui-même s’est renseigné sur l’enquête auprès de la justice, ce qui contredit ses déclarations publiques.
Pourquoi François Bayrou persiste-t-il dans son déni ? Selon Alain Esquerre auprès de 20 minutes, lanceur d’alerte dans cette affaire, ce silence s’explique par une question de valeurs et de foi. « Bétharram est un sujet tabou pour lui », affirme-t-il. « Il a été alerté plusieurs fois, mais il n’a pas voulu voir. »
Ce refus de reconnaître l’ampleur du scandale pose aujourd’hui de nombreuses questions sur son rôle et ses responsabilités. L’enquête de Mediapart souligne que malgré l’accumulation de preuves, François Bayrou maintient sa position. Un silence qui pourrait bien peser sur son avenir politique, alors que l’Église catholique elle-même reconnaît aujourd’hui ces abus et indemnise certaines victimes.