Liberté de la presse : Jeff Bezos ne case plus son ultra-libéralisme

Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post, a annoncé une réorientation stricte des pages Opinions du journal, mettant l’accent sur la défense des libertés personnelles et de l’économie de marché. Selon lui, ces valeurs sont sous-représentées dans l’espace médiatique actuel. En conséquence, le quotidien ne publiera plus d’opinions en contradiction avec ces principes.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 27 février 2025 à 13h00
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Liberté de la presse : Jeff Bezos ne case plus son ultra-libéralisme - © PolitiqueMatin

Un choix éditorial de Bezos désormais pleinement assumé 

Jeff Bezos a clairement exposé sa volonté : recentrer les tribunes du Washington Post sur des valeurs spécifiques, quitte à exclure certains points de vue. Dans une note interne, il a affirmé que « les libertés personnelles et l’économie de marché sont essentielles au progrès » et que le journal se consacrera désormais à leur promotion.
Cette décision marque une rupture avec la tradition d’un quotidien historiquement pluraliste. Les critiques soulignent qu’un tel parti pris pourrait nuire à la diversité des opinions et transformer le journal en un outil idéologique au service d’intérêts privés. De nombreux observateurs dénoncent un glissement préoccupant vers une information orientée, voire partisane.

Une ingérence croissante dans la ligne éditoriale

L’intervention de Jeff Bezos dans les choix éditoriaux du journal ne date pas d’hier. Avant l’élection présidentielle américaine de novembre 2024, il avait déjà empêché le Washington Post d’apporter son soutien à Kamala Harris, une pratique pourtant traditionnelle dans la presse américaine. Ce positionnement avait provoqué une vague de résiliations d’abonnements, avec une perte estimée à 200 000 lecteurs en 72 heures.
Son rapprochement avec le camp conservateur s’est accentué ces derniers mois. Sa présence aux premiers rangs de la cérémonie d’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025, ainsi que le soutien affiché par Elon Musk à cette nouvelle orientation, illustrent un alignement progressif avec les intérêts républicains.

Une fracture au sein de la rédaction

Cette annonce a déclenché une véritable onde de choc au sein du Washington Post. Outre la démission de David Shipley, directeur de la rubrique Opinions, plusieurs journalistes expriment leur inquiétude face à ce qu’ils perçoivent comme une restriction de leur liberté d’expression. Jeff Stein, responsable des pages économiques, a dénoncé un « empiétement massif dans la section opinion » et s’est engagé à quitter le journal si des pressions similaires s’exerçaient sur la rédaction des informations factuelles.
En parallèle, la dessinatrice Ann Telnaes a choisi de partir début janvier 2025 après qu’une de ses caricatures, critiquant Jeff Bezos pour son rapprochement avec Donald Trump, ait été rejetée par la direction du journal.

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