L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, figure éminente de la littérature et critique du régime algérien, a été interpellé le 16 novembre 2024 dès son arrivée à Alger. Son arrestation récente par les autorités algériennes a provoqué un tollé au sein des milieux intellectuels et politiques.
Boualem Sansal : la scène politique française demande la libération de l’écrivain

Boualem Sansal, le caillou dans la chaussure du gouvernement algérien
Né en 1949 en Algérie, Boualem Sansal est reconnu pour son engagement en faveur de la liberté d'expression et pour ses critiques acerbes à l’encontre du régime algérien. Auteur de nombreux ouvrages marquants, dont 2084 : la fin du monde (Gallimard, 2015), Sansal est parfois qualifié de « paladin de la vérité » par ses contemporains. Il dénonce depuis des décennies les dérives autoritaires et islamistes de son pays natal. En dépit des menaces et de la censure, il a continué de se rendre en Algérie, où il possédait encore des attaches.
En 2024, Boualem Sansal a obtenu la nationalité française, un acte perçu par certains comme un geste de protection face à la répression croissante dans son pays d’origine. Boualem Sansal, actuellement âgé de 75 ans, reste un auteur prolifique malgré les obstacles rencontrés en raison de ses prises de position politiques. Depuis son exil en France, il partage son temps entre l’écriture, les conférences internationales et son engagement pour la défense des droits humains.
Il fréquente régulièrement des cercles intellectuels et des écrivains tels que Kamel Daoud, avec qui il partage une critique virulente du régime algérien. Ces derniers mois, il travaillait sur un nouvel essai portant sur l'évolution des systèmes autoritaires dans le monde contemporain, projet qu'il menait au sein d'une résidence d'écrivains à Paris. Malgré les menaces, il maintenait des liens étroits avec l’Algérie, visitant périodiquement le pays, ce qui témoigne de son attachement profond à ses racines.
Boualem Sansal arrêté dans des conditions opaques
Boualem Sansal est détenu depuis une semaine sans communication officielle claire des autorités algériennes. Les proches de l’écrivain expriment leur inquiétude face à son silence prolongé. Officiellement, aucune explication précise n’a été donnée quant aux raisons de son arrestation. Toutefois, plusieurs hypothèses émergent. Les écrits de Boualem Sansal, critiques envers l’autoritarisme et l'islamisme en Algérie, ont depuis longtemps suscité l'ire des autorités.
Cette arrestation s’inscrit dans un contexte de répression accrue à l’égard des intellectuels critiques du régime. En effet, plusieurs écrivains et journalistes ont été récemment ciblés pour avoir exprimé des opinions jugées subversives. Le régime algérien semble vouloir museler toute voix dissidente, notamment celles qui attirent l'attention internationale.
L’Algérie, pour sa part, reste discrète sur les détails de l’arrestation de Boualem Sansal. Les autorités algériennes justifient généralement ce type de mesures par la nécessité de préserver la « sécurité nationale » et de lutter contre les discours considérés comme « subversifs » ou menaçant l’ordre public. Dans cette affaire, aucune déclaration officielle précise n’a été émise, mais des sources proches du régime laissent entendre que l’écrivain serait accusé de « diffamation » à l’encontre des institutions de l’État et d’incitation à la haine, des accusations fréquemment portées contre des voix critiques. En arrière-plan, cette affaire semble refléter une politique plus large de répression visant à intimider les intellectuels et les journalistes algériens, particulièrement ceux qui jouissent d’un écho international.
La France mobilisée
La communauté intellectuelle française et internationale s’est rapidement mobilisée pour dénoncer l’arrestation de Boualem Sansal. L’écrivain Kamel Daoud, autre figure littéraire franco-algérienne, a exprimé sa solidarité dans une tribune publiée dans Le Figaro : « Mon ami Boualem Sansal est détenu par un régime qui ne tolère pas la vérité. Nous devons agir. »
D'autres personnalités politiques françaises, notamment des membres de l’Assemblée nationale, ont appelé à une intervention diplomatique pour garantir la libération de Sansal. François-Xavier Bellamy, député européen Les Républicains, a notamment affirmé sur X (ex-Twitter) que « puisqu’il est devenu Français par passion de la liberté, notre pays doit tout faire pour le protéger. » Il est rejoint sur cette position par Laurence Rossignol, ancien ministre de la Santé. Edouard Philippe, lui, s'est dit « profondément inquiet » de cette disparition. » Sarah Knafo, député européen Reconquête, dénonce l'Algérie qui « comme les pires dictatures », « enferme ses meilleurs cerveaux »