Boualem Sansal : l’Algérie requiert 10 ans, peut-il encore éviter la prison ?

Le procès de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien de 80 ans, s’est tenu le 20 mars 2025 au tribunal correctionnel de Dar El Beida, à Alger. Le verdict, attendu pour le 27 mars, pourrait confirmer une peine de dix ans de prison et une amende d’un million de dinars (environ 6 887 euros). L’accusation repose sur des charges graves : atteinte à l’unité nationale, outrage à l’armée et détention de publications jugées subversives. L’affaire suscite de vives réactions, notamment de la part de son avocat, qui dénonce un « procès fantôme ».

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Par Grégoire Hernandez Publié le 20 mars 2025 à 15h20
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Boualem Sansal : l’Algérie requiert 10 ans, peut-il encore éviter la prison ? - © PolitiqueMatin

Une arrestation aux motifs politiques ?

Arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à l’aéroport d’Alger, Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui assimile certaines critiques du pouvoir à des actes terroristes. Son interpellation semble liée à des propos tenus lors d’un entretien avec le média français d'extrême-droite Frontières, où il aurait soutenu une lecture marocaine des frontières historiques de l’Algérie. Une déclaration perçue comme une provocation par les autorités algériennes, en pleine tension diplomatique avec Rabat.
Ces dernières années, plusieurs intellectuels et journalistes ont fait l’objet de poursuites similaires en Algérie, accusés de porter atteinte à la sûreté de l’État.

Un procès éclair et des conditions de détention préoccupantes

Le 20 mars 2025, le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à Alger, a requis dix ans de prison et une amende d’un million de dinars (environ 6 887 euros) contre Boualem Sansal.
Selon des journalistes présents à l’audience, le procès n’a duré qu’une trentaine de minutes. Le fait que l’écrivain ait renvoyé ses avocats, préférant assurer lui-même sa défense, complique encore davantage sa situation. Officiellement, il a déclaré que ses propos relevaient de son opinion personnelle et qu’il n’avait aucune intention de nuire à l’Algérie.
Sa détention suscite également des inquiétudes quant à son état de santé. Âgé de 80 ans et souffrant d’un cancer, il aurait été hospitalisé à plusieurs reprises à l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger. Ses proches redoutent une aggravation de son état, d’autant que l’accès à des soins médicaux de qualité en prison reste incertain.

Quelle issue pour Boualem Sansal ?

Alors que la justice algérienne est connue pour son inflexibilité face aux opposants, des observateurs estiment que le pouvoir pourrait chercher à clore rapidement cette affaire. Certains avancent l’hypothèse d’une condamnation suivie d’une grâce présidentielle, possiblement à l’occasion de la fête de l’Indépendance et de la Jeunesse du 5 juillet 2025.
Si une telle issue venait à se confirmer, Boualem Sansal pourrait être libéré sous conditions, mais au prix d’une possible déchéance de sa nationalité algérienne. Le verdict est attendu le 27 mars 2025.

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