Dans l'émission Thalassa, diffusé vendredi 2 septembre, sur France 3, la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, déplore la nouvelle autorisation donnée par l'État à l'usine Alteo de rejeter ses déchets dans le parc national des Calanques (Bouches-du-Rhône). Selon elle, c’est Manuel Valls qui est responsable.
Ségolène Royal accuse directement le Premier ministre
En 50 ans d'activité, le site de Gardanne qui produit de l'alumine a déversé plus de 20 millions de tonnes de boues rouges dans les fonds marins de la fosse de Cassidaigne, dans les calanques. Un scandale écologique, que dénoncent les journalistes de Thalassa dans un reportage diffusé vendredi 2 septembre. Au cours de leur enquête, ils sont allés à la rencontre de Ségolène Royal, pour lui demander des comptes et pour comprendre comment une telle pollution n’a toujours pas pu être stoppée.
Pire, fin 2015, l’entreprise a reçu une nouvelle autorisation préfectorale pour poursuivre son activité. Selon la ministre de l’Écologie, le principal responsable dans cette affaire serait le Premier ministre, Manuel Valls. « Il est Premier ministre et il a décidé le contraire de ce que dit sa ministre de l’Environnement », explique-t-elle sans détours. « Il a pris sa décision. Il a donné un ordre au préfet. Le préfet a donné l’autorisation. Je ne peux pas donner un contre-ordre. En revanche, mon rôle, c’est de dire que je ne suis pas d’accord. »
« C'est le combat de l'économie contre l'écologie »
Le sujet est délicat, dans la mesure où l’usine crée un véritable dynamisme économique dans la région : elle représente 440 emplois directs et 300 indirects. Sauver des emplois est une chose, mais le faire en rejetant des polluants lourds à une profondeur de 230 mètres dans le canyon de Cassidaigne, qui est un parc national, c’est autre chose. « Je désapprouve cette décision, je n'ai pas du tout changé d'avis, je pense que c'est une mauvaise décision qui est essentiellement suscitée par le chantage à l'emploi », a insisté la ministre devant les journalistes de France 3.
Ce n’est pas la première fois que Ségolène Royal affiche publiquement son désaccord avec le chef du gouvernement sur le sujet. « C'est le combat de l'économie contre l'écologie et ma conviction profonde, c'est que détruire l'écologie, c'est aussi détruire l'économie », avait-elle lancé quelques mois après la nouvelle autorisation préfectorale. Reste à savoir comment Manuel Valls accueillera cette nouvelle charge violente de la part de sa ministre, qui ne semble pas craindre ses foudres.