Jeudi 23 juin, une courte majorité de britanniques a choisi d'engager le Royaume-Uni dans une voie solitaire, mettant fin à 43 années de participation ambiguë au projet européen. Pourtant, alors que le camp du Brexit a fait miroiter le mythe d'une identité nationale retrouvée, l'implosion du Royaume-Uni n'a jamais été plus probable.
Pour le camp de la solidarité et du vivre ensemble, c'est un jour noir. Mais la violence de cette campagne et la fracture qu'elle a entraînée au sein de la société britannique nous oblige à voir les choses en face : l'Europe va mal et de ses maux surgira le pire si nous n'agissons pas.
Nous devons en urgence nous atteler à lui redonner du sens en posant un diagnostic objectif sur la situation. L'intégration européenne a offert soixante ans de paix, de liberté et stabilité, trente ans de vie commune au-delà des frontières. Mais cela ne suffit pas. L'échec politique est patent. Aujourd'hui, c'est de solidarité, de solutions, d'avenir et de démocratie dont les citoyennes et citoyens européens ont besoin.
La primauté du marché et de l'économie, l'idéologie de la concurrence, l'opacité et la technocratie des décisions, les doubles discours, le pouvoir démesuré des lobbies et de la finance, les égoïsmes nationaux sont le terreau de la désespérance et de l'échec. Les populistes, les extrémistes, les xénophobes de tout bord construisent leurs succès sur notre faiblesse : une incapacité à reconstruire un projet commun et solidaire, qui porte des solutions concrètes et nourrisse une espérance, notamment pour les plus jeunes et les plus défavorisés.
Le sursaut européen n'aura pas lieu dans les salons de Bruxelles, de Berlin ou de Paris. Il doit venir des forces vives du continent, à défaut nous échouerons. Il faut réformer la démocratie européenne, redonner du pouvoir au peuple européen et mobiliser les énergies positives, au côté de toutes celles et ceux qui veulent construire une Europe durable, démocratique, sociale et solidaire pour construire ensemble les solutions de demain.