Face aux débats interminables au gouvernement et à l’Assemblée nationale sur les ajustements budgétaires, un sondage inédit réalisé par l’Observatoire Hexagone en partenariat avec l’IFOP dévoile une vision audacieuse des Français quant à la répartition idéale des dépenses publiques.
Budget 2025 : les Français réclament une révolution régalienne
Une inquiétude croissante autour de la dette et des impôts
Depuis 2017, les préoccupations des Français pour la maîtrise des dépenses publiques et la réduction de la dette se sont fortement accrues. L'Observatoire Hexagone a donc mené avec l'Ifop une enquête menée auprès de 2 000 citoyens pour leur demander ce qu'ils proposeraient pour le budget 2025. 51 % jugent prioritaires la maîtrise des impôts et 48 % la réduction de la dette publique. Ces chiffres témoignent d’un renversement des priorités, surpassant des enjeux traditionnellement majeurs tels que la lutte contre le chômage (45 %) ou encore la protection de l’environnement (46 %).
Cette évolution traduit une prise de conscience collective face à une dette publique qui, en 2023, atteignait 110,6 % du PIB. Avec un déficit public évalué à 5,5 % du PIB cette même année, bien au-delà des critères de Maastricht, la France s’impose comme l’un des mauvais élèves de l’Union européenne en matière de gestion budgétaire. Le déficit représente par ailleurs 135 milliards d'euros, soit près du tiers des dépenses, qui s'élèvent à 485 milliards d'euros. Autrement dit, un tiers des dépenses est financé par le déficit.
Plus de régalien, moins de social
Les Français souhaitent une réallocation massive des 1 500 milliards d’euros de dépenses publiques. Cette somme, qui date de 2022, prend en compte les dépenses de l'Etat, mais aussi celles de la Sécurité sociale et des administrations locales. Spontanément, ils diminueraient les budgets alloués à la protection sociale, tout en augmentant significativement ceux destinés aux fonctions régaliennes telles que la défense, la sécurité ou la justice.
Parmi les changements majeurs proposés :
- 200 milliards d’euros en moins pour les retraites.
- 85 milliards d’euros en moins pour la protection sociale.
- 90 milliards d’euros supplémentaires pour l’ordre public et la justice.
- 67 milliards d’euros de plus pour l’environnement.
Ces arbitrages reflètent un choix clair pour des politiques axées sur la sécurité et la durabilité, au détriment des dépenses traditionnelles dans le domaine social.
Une France en rupture avec ses voisins européens
Si les propositions des Français étaient appliquées, le pays adopterait un profil budgétaire radicalement différent de ses voisins européens. La part dédiée aux dépenses sociales chuterait à 29 % du total (contre 55 % actuellement), bien en dessous de celle d’autres nations comme la Hongrie (36 %). En revanche, les dépenses régaliennes représenteraient 22 % du budget, soit presque quatre fois plus qu’aujourd’hui et davantage que dans des pays comme la Roumanie ou l’Estonie.
Cette vision témoigne également d’une convergence entre les électeurs de différents horizons politiques, notamment des partis Renaissance, Les Républicains et Rassemblement national. Tous s’accordent sur une augmentation des dépenses régaliennes et une réduction des postes sociaux.
Des solutions budgétaires concrètes pour l’équilibre
L’exercice proposé dans l’enquête ne s’arrête pas là. Les répondants ont également été invités à identifier les postes sur lesquels économiser environ 150 milliards d’euros, ce qui représente le montant du déficit national, pour atteindre l’équilibre budgétaire. Parmi les choix plébiscités :
- 56 % de réduction sur les aides économiques et militaires à l’étranger.
- 26 % de réduction sur les budgets loisirs et culture.
En revanche, les Français se montrent plus prudents concernant les retraites (-3 %) ou les dépenses de santé (-3 %), soulignant leur attachement à des secteurs jugés essentiels.
L’Observatoire Hexagone : un outil pour repenser les finances publiques
Créé pour analyser les dynamiques sociales et économiques françaises, l’Observatoire Hexagone joue un rôle central dans la mise en lumière des attentes citoyennes. Grâce à ses enquêtes et rapports, il constitue une plateforme indispensable pour tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les enjeux budgétaires et accéder à des données variées sur la démographie, l'économie ou la politique française.
Avec ce sondage, l’Observatoire montre que, loin de se désintéresser de la gestion des finances publiques, les Français ont des idées claires et souvent innovantes. Il appartient désormais à Michel Barnier de s’en inspirer pour redonner confiance à une population en quête de solutions ambitieuses.