Les récentes délibérations au Sénat soulagent temporairement les chauffeurs de bus de la RATP et aux Franciliens. Une loi, votée le mardi 24 octobre 2023, maintient le monopole de la RATP sur le réseau de bus parisien jusqu’aux Jeux Olympiques de 2024.
RATP : bras de fer entre le gouvernement et les chauffeurs de bus
Concurrence sur le réseau de bus francilien : un aménagement voté par le Sénat
L'ouverture à la concurrence des 308 lignes de bus de la RATP, dans le cadre du projet Grand Paris, avait été initialement planifiée quelques mois après les Jeux Olympiques, le 1er janvier 2025. Cependant, face au risque de mouvements sociaux pouvant perturber les JO, la date butoir de l'ouverture à la concurrence à été repoussée. Le Sénat vient d'adopter, mardi 24 octobre 2023, la proposition de loi du sénateur UDI Vincent Capo-Cannellas.
Soutenue par le gouvernement et la présidente de la région, Valérie Pécresse, cette loi vise à étaler sur deux ans (de début 2025 à fin 2026) l'ouverture à la concurrence du réseau de bus francilien, et à aménager les conditions de transfert des chauffeurs de bus vers les opérateurs concurrents. Les chauffeurs de bus de la RATP pourront ainsi choisir les centres de bus les plus proches de leur lieu de résidence en fonction de la date d'arrivée des opérateurs concurrents (Keolis, Transdev, etc.).
L'accueil mitigé des syndicats et de l'opposition
Les syndicats, tout comme certains groupes politiques, ont exprimé des réserves quant à cette ouverture à la concurrence, craignant une dégradation du service et une perte d'emplois. « Tout est fait pour nous rassurer avant les JO, mais pour nous ce ne sont que des effets d’annonce. Quand nous demandons des projections sur ce qui changera dans la rémunération avant et après le changement d’opérateur, nous n’avons aucune réponse et aucun accord écrit », déplore le secrétaire général de la CGT RATP-Bus, Cémil Kaygisiz.
L'autre élément de discorde concerne l'arrivée de nouveaux opérateurs. Les syndicats craignent que l'ouverture à la concurrence soit contre-productive. « Nous alertons depuis des mois sur les risques de désorganisation provoquée par ce processus. Nous demandons un moratoire. Avec l’inflation, les marges des opérateurs sont très faibles. Cette fausse ouverture à la concurrence débouchera sur une dégradation du service, avec moins de bus et moins de chauffeurs pour espérer gagner de l’argent », a ainsi déclaré Jean-Christophe Delprat. La proposition de loi adoptée par le Sénat est accueillie avec la même réserve du côté des sénateurs de gauche qui n'hésitent pas à critiquer l'empressement du gouvernement à privatiser le service. « Vous voulez enjamber les Jeux olympiques pour éviter un crash industriel pendant cet événement », a ainsi vilipendé le sénateur socialiste Simon Uzenat.