Lors de son passage sur le plateau de l’Emission politique, le candidat à la présidentielle François Fillon s’est appuyé sur le livre Bienvenue place Beauvau - police, les secrets inavouables d'un quinquennat, paru aux éditions Robert Laffont, pour justifier l’existence d’un cabinet noir. Qu’en est-il exactement ?
François Fillon s’est félicité de la parution du livre des journalistes Olivia Recansens, Didier Hassous et Christophe Labbé, Bienvenue place Beauvau - police, les secrets inavouables d'un quinquennat. Selon lui, ce livre révèle l’existence d’un cabinet noir à l’Elysée. Mais que lit-on exactement dans ce livre ?
« Il n’est pas possible d’en apporter la preuve formelle », écrivent les auteurs. « Comme il n’est pas possible de prouver le contraire ! Mais l’addition d’indices troubles et de témoignages étonnants interroge. Plusieurs observateurs bien placés dans l’appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l’existence d’une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d’action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial. »
Tracfin, le service de renseignement de Bercy
Les auteurs du livre ont tenu à affirmer qu’il ne s’agissait que de soupçons. « Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable », notent-ils cependant. « Hollande a su en tirer profit. D’abord il y a Tracfin, le service de renseignement de Bercy, le ministère piloté durant tout le quinquennat par Michel Sapin, un ami de quarante ans du Président. La plupart des affaires judiciaires qui ont empoisonné Sarko et les siens ont trouvé leurs racines ici, dans cet immeuble ultra-sécurisé du 9e arrondissement de Paris, entièrement classé secret-défense. Là, cent vingt fonctionnaires sont habilités à fourrer leur nez dans les comptes en banque de n’importe qui. »
Et d’ajouter : « Chaque semaine, le patron de Tracfin prend le chemin de l’Elysée pour assister, avec les directeurs des six autres services secrets, à la réunion organisée par le coordinateur du renseignement. »
Une très mauvaise habitude du politique
Selon les journalistes, François Hollande a utilisé l’appareil policier à des fins politiques mais ses prédécesseurs avant lui s’en servaient aussi. Pour Olivia Recasens, « le cabinet noir tel que le définit François Fillon n'existe pas ». « Il existe une remontée des informations judiciaires mais c'est une vieille et une très mauvaise habitude du politique qui existe depuis très longtemps », a-t-elle expliqué sur RMC.
Les auteurs rappellent enfin que cet éventuel cabinet noir n'est pour rien dans les révélations sur François Fillon et ils savent de quoi ils parlent puisque deux d’entre eux travaillent au Canard enchaîné et que ce sont eux qui ont été à l’origine du penelopegate.