Censure de Barnier : panique sur les marchés financiers ?

Tandis que les projecteurs restent braqués sur les tensions au sein de l’Assemblée nationale suite au vote de la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, mercredi 4 décembre 2024, les marchés financiers, souvent en première ligne des secousses politiques, semblent hésiter entre résilience et inquiétude.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 5 décembre 2024 à 13h20
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Les marchés financiers, étant liés aux affaires politiques d'un pays, pourraient voir leur équilibre basculer à tout moment. Comment ces derniers ont-ils réagi à la chute du gouvernement Barnier ?

Les marchés financiers restent stables, mais sont sur le fil du rasoir

Malgré la portée politique et les conséquences annoncées de la censure du gouvernement Barnier, les marchés financiers sont, pour le moment, restés stables. Le baromètre de la Bourse de Paris, le CAC 40, s'est en effet clôturé dans le vert avec une hausse de 0,23 % (à 7 319,79 points) après le vote des députés de l'Assemblée nationale, mercredi 4 décembre 2024. Comme le soulignent nos confrères de TradingSat, si cette performance peut paraître rassurante, elle reflète avant tout l’influence de facteurs exogènes, tels que la solidité des grandes entreprises cotées et les tendances positives des marchés internationaux. Autrement dit, seul le temps à court ou moyen terme, c'est-à-dire une accalmie de la situation politique française, pourra confirmer cette résilience des marchés financiers.

En effet, « les marchés financiers sont actuellement portés par une dynamique positive externe. Mais cette instabilité politique en France pourrait provoquer des ajustements significatifs si elle s’installe durablement », alerte Antoine Andreani, analyste chez XTB, à nos confrères du Figaro. Sans perspectives claires et sans gouvernement stable, ce qui pourrait amener à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale dès juillet 2025, les marchés resteront inquiets et la balance pourrait être renversée. L'instabilité politique de la France ne passe d'ailleurs pas inaperçue aux yeux des agences de notation. Moody’s, qui évalue la note de crédit de la France à AA2, a déjà évoqué une possible dégradation de celle-ci si la situation persistait. 

Des premiers signes de nervosité sur les obligations d'État

Si la Bourse semble, pour l’instant, la situation est bien différente du côté des obligations d’État. Le marché obligataire en effet montre des signes d’inquiétude croissante. Comme le précisent nos confrères de Capital, le spread franco-allemand – c’est-à-dire l’écart entre les taux d’intérêt des obligations françaises et allemandes à 10 ans – a grimpé à 88 points de base, contre une moyenne de 50 avant la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Cet écart reflète la méfiance croissante des investisseurs quant à la capacité de la France à gérer efficacement sa dette publique.

Avec une dette publique dépassant les 3 200 milliards d’euros, soit 113 % du PIB, et un déficit projeté à plus de 6 % du PIB pour l’année 2024, les finances publiques françaises se retrouvent sous une surveillance accrue de la part des investisseurs. La situation se complique davantage avec l’adoption de la motion de censure contre le gouvernement Barnier, qui a provoqué un report du projet de loi de finances pour 2025.

Les rendements des obligations françaises à 10 ans reflètent clairement cette méfiance. Actuellement fixés à 2,91 %, la France emprunte plus cher que le Portugal (2,5%), et l'Allemagne (2,1%).  Les analystes de Saxo Banque, cités par TradingSat, confirment ces préoccupations : « Sans signaux clairs sur la réduction du déficit budgétaire (...), la prime de risque française pourrait continuer à grimper. » Une situation qui se traduirait par une érosion progressive de la crédibilité économique de la France.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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