Censure contre François Bayrou : la majorité peut-elle tenir ?

François Bayrou, au poste de Premier ministre depuis quelques semaines seulement, est déjà confronté à une motion de censure qui pourrait mettre fin à son mandat.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 5 février 2025 à 10h12
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Ce mercredi 5 février 2025, l’Assemblée nationale examine deux motions de censure visant le gouvernement de François Bayrou. Une nouvelle épreuve pour le Premier ministre, après son recours à l'article 49.3 pour faire adopter le budget 2025.

Après le 49.3, la motion de censure

Depuis son arrivée à Matignon, François Bayrou tente d’instaurer un équilibre fragile dans une Assemblée éclatée. Mais l'utilisation du 49.3 pour imposer le budget a immédiatement déclenché des réactions hostiles. La France insoumise a déposé une motion de censure en réaction à ce passage en force.

Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, a reconnu que la censure est « toujours sur la table ». Le Parti socialiste est depuis la semaine dernière très critique sur François Bayrou, surtout depuis qu'il a évoqué un sentiment de submersion migratoire. Pourtant, le Parti socialiste hésite encore à franchir le pas. Leur soutien serait décisif : pour être adoptée, une motion de censure doit recueillir la majorité absolue des députés, soit 289 voix.

À l’extrême droite, le Rassemblement national laisse planer le doute. Une alliance objective entre La France insoumise et le RN pourrait sceller le sort du gouvernement. Mais entre alliances contre-nature et calculs stratégiques, chaque camp joue sa propre partition.

François Bayrou, un Premier ministre sur un siège éjectable

L’actuelle motion de censure n’est pas la première menace qui pèse sur François Bayrou. Non seulement son gouvernement ne dispose pas d’une majorité claire, mais sa popularité est déjà en berne. Un récent sondage révèle un record d’impopularité pour le Premier ministre, avec des chiffres plus bas encore que ses prédécesseurs récents. Une partie de l’opinion publique et des parlementaires ne lui accorde aucun état de grâce.

De plus, l’accumulation des recours au 49.3 irrite jusque dans les rangs de la majorité. Certains députés centristes commencent à exprimer leurs doutes sur la stratégie de Bayrou. À défaut d’être renversé immédiatement, il pourrait voir son autorité durablement affaiblie.

Le Parti socialiste, arbitre de la censure ?

Le Parti socialiste occupe une position charnière dans ce bras de fer politique. En tant que membre du Nouveau Front populaire (NFP), il est logiquement attendu aux côtés de La France insoumise pour voter la motion de censure. Mais le camp présidentiel fait tout pour éviter cette issue, courtisant les socialistes en insistant sur leur rôle au sein de l’arc républicain.

Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, reste évasif. Dans un entretien à Ouest-France, il admet que la censure est une option, mais refuse de s’engager fermement. « Nous appréhendons cette semaine avec beaucoup de gravité », explique-t-il, soulignant la complexité de la situation.

Le dilemme est évident : en votant la motion, le Parti socialiste contribuerait à renverser Bayrou, au risque de faire tomber un gouvernement modéré sans alternative claire. En s’abstenant, il pourrait apparaître comme complice d’un exécutif qui gouverne par la force. L’exécutif espère diviser les socialistes, sachant qu’une partie d’entre eux pourrait ne pas suivre la ligne dure du NFP. En coulisses, des négociations ont lieu pour éviter que le groupe bascule en bloc vers la censure.

Et après ? Un Premier ministre en sursis

Si le passage de François Bayrou à Matignon ne se termine pas dès cette semaine avec l'une des motions de censure sur la table, la suite de son mandat s’annonce tout aussi incertaine. D’autres motions de censure sont déjà évoquées. La situation actuelle rappelle celle de son prédécesseur, Michel Barnier, qui avait dû faire face à des votes répétés contre son gouvernement.

Les socialistes, quant à eux, entretiennent le suspense. Dans son entretien à Ouest-France, Boris Vallaud affirme que leur décision sera prise « en responsabilité ». Pour François Bayrou, le danger est bien réel. Que la motion soit adoptée ou non aujourd’hui, l’avenir politique du Premier ministre semble d’ores et déjà compromis.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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