À la suite d’une motion de censure ayant renversé le gouvernement de Michel Barnier, Emmanuel Macron s’est adressé aux Français. Ce discours, suivi avec attention, a suscité des réactions mitigées.
Après la censure, Macron tente de convaincre les Français
Le jeudi 5 décembre 2024, le Président Emmanuel Macron a prononcé une allocution, marquant une tentative de réponse à la crise politique déclenchée par la censure du gouvernement de Michel Barnier. Cette crise, qui trouve ses racines dans la dissolution controversée de l’Assemblée nationale en juin dernier, a accentué le climat d'instabilité.
Emmanuel Macron appelle l'Assemblée nationale à l'unité
Emmanuel Macron a commencé son allocution en regrettant les incompréhensions suscitées par ses décisions passées. « Cette décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin dernier n’a pas été comprise par une majorité de nos concitoyens. Je veux bien le reconnaître. » Il a ajouté : « Beaucoup me l’ont reproché, et je comprends leurs critiques. Mais cette initiative avait pour but d’éviter un blocage institutionnel complet. »
Malgré l'incompréhension suscitée par la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron est fermement décidé à poursuivre son mandat et a réaffirmé son engagement envers les Français : « Mon rôle est de tenir le cap, même lorsque le chemin est semé d’obstacles. Je ne fuirai pas mes responsabilités. » Face à une Assemblée nationale profondément divisée, le chef de l’État a exhorté les partis politiques à dépasser les querelles partisanes : « Notre démocratie souffre de ces divisions incessantes. Nous devons retrouver un esprit de compromis, indispensable pour avancer ensemble. » Cet appel à l’unité, qu’il a qualifié de « devoir moral », s’adressait autant aux élus qu’aux citoyens, alors que le climat de méfiance généralisée alimente l’instabilité.
Une audience significative, mais en retrait
D’après les premières estimations, près de 7,8 millions de Français ont suivi le discours d’Emmanuel Macron, un chiffre inférieur à ses précédentes allocutions liées à des crises sanitaires ou sécuritaires. Ce recul témoigne d'un désintérêt croissant pour les interventions politiques, particulièrement dans un contexte marqué par des tensions sociales et une fragmentation du paysage partisan. À titre de comparaison, son discours sur la réforme des retraites en 2023 avait réuni 10,2 millions de téléspectateurs et l’émission politique de la veille, diffusée sur une chaîne concurrente, a attiré 4,5 millions de spectateurs.
Pourquoi le discours d'Emmanuel Macron n'a pas rassemblé
Ce faible audimat illustre une tendance plus profonde : un désintérêt marqué des Français pour la politique nationale. Selon un récent sondage Hexagone, seulement 28 % des Français estiment que leurs préoccupations sont prises en compte par les décideurs politiques, tandis que 65 % déclarent ne plus croire en l’efficacité des réformes gouvernementales. Cette fracture entre les citoyens et leurs dirigeants se creuse davantage à chaque crise politique.
De nombreux Français déclarent se sentir ignorés ou instrumentalisés. Ce sentiment est partagé par Valentin, un entrepreneur interrogé dans le sud de la France : « Je me demande si ça sert encore à quelque chose de voter parce qu'on ne fonctionne plus qu'en termes de partis. Je ne vois pas l'intérêt. » Ce constat rejoint une dynamique inquiétante pour la démocratie : à force de ne pas être entendus, les Français cessent de s’intéresser à leurs gouvernants.
Des alliés conquis, une opposition dépitée
Emmanuel Macron a annoncé des mesures rigoureuses pour rétablir l’équilibre budgétaire, tout en justifiant ces choix par la nécessité de préserver les finances publiques : « Nous ne pouvons pas transmettre aux générations futures une dette hors de contrôle. » Il a également évoqué un plan ambitieux pour accélérer la transition écologique, promettant des investissements massifs : « La France doit être exemplaire dans la lutte contre le changement climatique. Ce n’est pas seulement un enjeu environnemental, mais une exigence éthique. »
Les alliés d'Emmanuel Macron ont salué un discours "courageux et lucide". Selon un député Renaissance (majorité présidentielle) : « Le Président a su redonner une perspective claire, malgré les attaques incessantes de l’opposition. » Certains membres du gouvernement ont également souligné son engagement à maintenir le cap jusqu’en 2027.
L'opposition, quant à elle, a vivement critiqué le contenu et le ton de l'allocution. Marine Le Pen, leader du Rassemblement national qui tente de se démarquer, a dénoncé une stratégie d’évitement : « Emmanuel Macron refuse d’assumer ses échecs et continue de gouverner en dépit du bon sens. » Jean-Luc Mélenchon, figure de La France Insoumise, a qualifié le discours de « déconnecté des réalités sociales ». Alors qu'Emmanuel Macron doit chercher un nouveau Premier ministre, il semble de plus en plus difficile de le trouver dans les oppositions extrêmes.