Les chefs d’entreprise doivent-ils se mêler de politique ? Les Français semblent le penser.
Les chefs d’entreprise : nouveaux acteurs politiques attendus par les Français

Le 27 février 2025, un sondage OpinionWay commandé par ETHIC dévoile une tendance inattendue : les Français souhaitent que les chefs d'entreprise jouent un rôle plus actif en politique.
Les résultats du sondage OpinionWay pour ETHIC : une demande explicite des Français
Selon cette étude menée auprès d’un échantillon représentatif de 1 043 personnes, 64 % des Français estiment que les propositions des chefs d’entreprise devraient être écoutées et appliquées pour améliorer la situation du pays. Ce chiffre traduit une défiance persistante envers les décideurs politiques traditionnels, qui peinent à convaincre sur leur capacité à répondre aux défis économiques actuels.
Les Français se montrent en revanche particulièrement critiques vis-à-vis de la classe politique : 40 % des sondés jugent qu’aucun des responsables politiques actuels n’est capable de mener une politique favorable au développement des entreprises. Marine Le Pen arrive en tête des personnalités politiques perçues comme étant les plus compétentes sur ce sujet, avec 17 % d’opinions favorables, devant Édouard Philippe (14 %) et Bruno Retailleau (7 %). À l’inverse, François Bayrou et Laurent Wauquiez ne recueillent que 2 % d’opinions positives, confirmant une méfiance généralisée.
Ces faibles chiffres inquiètent : les Français semblent particulièrement désabusés sur les mesures que peuvent proposer les politiques. Selon une grande majorité d'entre eux, pas un seul ténor politique parmi ceux que le sondage proposait n'est capable de relancer le tissu industriel et entrepreneurial français.
Une autre statistique frappante : 58 % des sondés estiment qu’avant toute décision politique, un groupe d’entrepreneurs devrait être consulté afin d’évaluer les effets positifs ou négatifs des réformes envisagées. Seuls 19 % s’y opposent, tandis que 23 % n’ont pas d’avis tranché sur la question.
Les attentes des Français envers les chefs d’entreprise en politique
La place des chefs d’entreprise dans la sphère publique est perçue comme un atout dans plusieurs domaines. Ainsi, lorsqu’on leur demande à qui ils feraient confiance pour mettre en œuvre une simplification des démarches administratives, 36 % des sondés plébiscitent les chefs d’entreprise, loin devant les hauts fonctionnaires (13 %) et les politiques (9 %). Ce constat illustre une exaspération face à la lourdeur bureaucratique, jugée inefficace et contre-productive.
Cette attente d’une meilleure gestion administrative est particulièrement forte chez les actifs du secteur privé (38 % des salariés du privé font davantage confiance aux chefs d’entreprise qu’aux politiques sur ce sujet, contre seulement 27 % des salariés du public).
Enfin, 50 % des Français estiment que la France est un pays libéral, mais ce chiffre masque une fracture générationnelle importante : 63 % des plus de 65 ans partagent cette opinion, contre seulement 39 % des 35-49 ans et 49 % des 18-24 ans. Un quart des jeunes interrogés admettent d’ailleurs ne pas savoir ce que signifie « être libéral », un signal préoccupant pour le débat public.
De plus, le fait qu'une minorité d'actifs considèrent que la France est un pays libéral peut se lire sous l'angle des retraites. Ce poste représente le tiers des dépenses publiques et il est chaque année plus lourd à porter pour les actifs, qui n'ont donc pas l'impression de vivre dans un pays libéral. Un sentiment que n'ont pas les retraités, qui profite de retraites supérieures aux cotisations qu'ils ont versées.
Comment les chefs d’entreprise peuvent répondre à ces attentes
Face à ces attentes, plusieurs pistes s’ouvrent aux chefs d’entreprise qui souhaiteraient répondre à cet appel citoyen :
- Un engagement politique direct : certains dirigeants peuvent décider d’entrer en politique, à l’image de Xavier Niel ou de Laurent Alexandre qui, par leurs prises de position, influencent déjà le débat public.
- L’influence par le lobbying et les think tanks : en intégrant des cercles de réflexion ou en soutenant activement des initiatives législatives, les chefs d’entreprise peuvent peser sur les réformes économiques.
- Des pratiques exemplaires au sein de leurs entreprises : transparence, éthique, simplification des démarches internes… autant d’initiatives qui peuvent servir de modèle pour une gouvernance plus efficace.
Tableau comparatif des acteurs jugés capables de simplifier les démarches administratives
Acteur | Pourcentage de confiance |
---|---|
Un chef d’entreprise | 36 % |
Un haut fonctionnaire | 13 % |
Un homme ou une femme politique | 9 % |
Aucun | 42 % |