Le 13 décembre prochain, Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), sera l’invité d’honneur du prestigieux Chinese Business Club. Ce cercle, qui se décrit comme le “premier réseau d’affaires en France”, attire chaque année un public de décideurs économiques et politiques pour ses déjeuners parisiens au parfum de mystère. Mais cette fois, l’événement s’annonce encore plus complexe à organiser.
Casse-tête chinois pour réussir à voir Bardella
Un afflux inédit de demandes d'adhésion au Chinese Business Club
L’annonce de la présence de Jordan Bardella a déclenché une vague sans précédent de candidatures au Chinese Business Club. Ce regain d’intérêt n’est pas seulement dû à la sortie de son livre mais aussi au contexte politique tendu. Avec la possibilité d’une censure du budget de l'État et la chute potentielle du gouvernement Barnier, combinées aux affaires judiciaires touchant le RN, les projecteurs sont braqués sur le parti. Cet engouement marque une évolution significative dans les relations entre les milieux économiques et une formation politique longtemps tenue à distance.
Une partie du patronat français, historiquement réticente à l'extrême droite, commence à reconsidérer sa position face à la montée en puissance du tandem Le Pen-Bardella. Ces repositionnements stratégiques traduisent une anticipation d'un possible basculement de l'échiquier politique. Longtemps hostiles aux idées portées par l’extrême droite, certains dirigeants d’entreprise et figures influentes du capitalisme français scrutent aujourd’hui de plus près les propositions du tandem Marine Le Pen-Jordan Bardella.
Les patrons séduits par Jordan Bardella
La popularité croissante de Jordan Bardella, notamment à l'approche des échéances européennes, s’explique par une double stratégie. D’une part, le parti conserve son socle idéologique, basé sur la souveraineté économique et des politiques anti-immigration. D’autre part, il adopte une posture plus technique et modérée pour séduire les élites économiques. Ces dernières, face à l’érosion de confiance dans les formations politiques traditionnelles, considèrent le RN comme une alternative crédible.
Les réticences historiques à l’égard de l'extrême droite sont toujours présentes, notamment chez les acteurs opérant dans des secteurs sensibles comme la finance ou l’aérospatiale. Cependant, le succès récent du RN aux législatives a ébranlé certains tabous. En témoigne le silence des grandes familles industrielles, comme les Dassault, face à des rapprochements entre des figures du RN et des personnalités influentes du capitalisme français.
L’enquête met également en lumière une normalisation progressive des rencontres entre responsables du RN et membres des cercles d’affaires. La présence de Jordan Bardella au Chinese Business Club est interprétée comme un signe que les élites commencent à intégrer cette mouvance politique dans leurs calculs stratégiques.
Un casse-tête logistique et stratégique pour le Chinese Business Club
Le Chinese Business Club, sous la direction d’Harold Parisot, est connu pour sa rigueur dans la sélection des participants. Une recommandation est indispensable pour intégrer ce cercle restreint, et même avec cette condition, tous les candidats ne sont pas retenus. Toutefois, avec l’explosion des demandes et la capacité limitée de la salle (dont l’adresse demeure secrète pour des raisons de confidentialité), la situation devient critique.
Les dernières places sont réservées aux membres n’ayant pas encore confirmé leur présence. Une éventuelle délocalisation dans un lieu plus grand est envisagée, mais elle poserait d’autres défis en matière de logistique et de sécurité.
Annonces attendues de Jordan Bardella pour l'économie française
Lors de cet événement, Jordan Bardella pourrait dévoiler plusieurs propositions phares qui viendront enrichir le programme économique du RN. L’audience, composée de chefs d’entreprise influents et de cadres dirigeants, sera attentive à ces annonces. Depuis les élections législatives, la présence de figures politiques controversées dans ce type de réunion ne soulève plus autant de réticences, traduisant un changement sociétal notable.
Ces efforts pour séduire le monde des affaires s’inscrivent dans une stratégie plus large du RN visant à asseoir sa crédibilité économique et politique. Jordan Bardella multiplie les rencontres, cherchant à tisser des alliances stratégiques tout en consolidant son image publique.
Malgré son nom évoquant l’international, le Chinese Business Club reste majoritairement franco-français (à 90 % selon ses propres estimations). L’idée de changer de nom pour refléter cette réalité a été envisagée, mais l’abandon de cette marque reconnue serait risqué. Ainsi, il demeure une plateforme clé pour les échanges économiques franco-chinois tout en incarnant un point de convergence pour les élites françaises. L’arrivée de Jordan Bardella dans ce cadre exclusif cristallise ces paradoxes : une volonté d’ouverture internationale tout en s’inscrivant dans un contexte national marqué par des tensions politiques et sociales.