Élu pour la première fois en 2017, Christophe Naegelen a fait des dérives du démarchage téléphonique son cheval de bataille, et se pencherait désormais sur celles liées au démarchage à domicile. Portrait d’un député résolument engagé pour la défense des consommateurs.
Son nom ne fait pas encore les gros titres, mais cela pourrait bien changer. Christophe Naegelen est l’un des nombreux députés élus pour la première fois en juin 2017, lors de ces élections législatives qui, sous fond de « dégagisme », ont vu entrer à l’Assemblée nationale quantité de nouveaux visages, pour la plupart jeunes et sans expérience politique préalable. Au Palais Bourbon, le jeune homme a rejoint le groupe Les Constructifs : UDI, Agir, indépendant, une formation de centre-droit défendant une approche pragmatique de la chose politique.
Né en décembre 1983 à Remiremont, en Lorraine, Christophe Naegelen effectue sa scolarité dans sa région natale, avant de s’envoler pour les États-Unis, où il obtient son baccalauréat au lycée français de Washington. De retour dans l’Hexagone, il poursuit ses études à l’ESC Rouen, avant d’être embauché dans un laboratoire pharmaceutique vétérinaire. En 2010, il prend les rênes de l’entreprise familiale d’ameublement, dont il développe l’activité jusqu’à son engagement en politique. Élu le 18 juin 2017 avec plus de 60 % des voix, il est désormais membre de la Commission des Affaires étrangères et de celle des Affaires européennes.
Protéger les consommateurs contre le « harcèlement » téléphonique
Ce n’est pourtant pas sur la scène diplomatique et internationale que Christophe Naegelen se fait remarquer. À l’instar de ses collègues parlementaires, le député reçoit nombre de messages des habitants de sa circonscription des Vosges, un territoire majoritairement rural. Très vite, un constat s’impose : les plaintes de ses électeurs relatives au démarchage téléphonique se multiplient. Des pratiques qui s’apparentent, selon l’élu, à du « harcèlement, avec jusqu’à onze, douze, treize appels par jour ». « C’est un vrai problème, poursuit Christophe Naegelen. J’ai donc déposé deux propositions de loi visant à encadrer cette pratique », la première ayant été adoptée à l’unanimité le 6 décembre dernier.
Afin de ne pas nuire aux quelque 270 000 emplois représentés par le démarchage téléphonique en France, le député préconise de « renforcer le dispositif actuel » grâce à un « opt-out renforcé. Ainsi, nous augmentons les contrôles et les sanctions pour les entreprises qui démarchent illégalement les consommateurs par téléphone, et nous préservons l’emploi ». Christophe Naegelen milite également pour la création d’une « charte de bonne conduite » qui serait signée par les entreprises du secteur et les centres d’appel. « Une fois ce nouveau dispositif en place, les consommateurs pourront dénoncer les entreprises frauduleuses, ce qui permettra aux opérateurs de récupérer les numéros de téléphone suspects et effectuer des contrôles », argumente encore l’élu.
Le démarchage à domicile, nouvelle croisade du député
Interrogé sur les dérives liées au démarchage à domicile, Christophe Naegelen concède que le sujet « sera sûrement la deuxième étape, car on en parle de plus en plus, c’est un sujet important. Dans les deux cas, j’estime qu’il faut protéger le consommateur sans menacer l’emploi. Il est impératif de trouver un équilibre entre le besoin des entreprises d’exercer leur activité, de prospérer, et la protection des consommateurs qui est plus que jamais nécessaire ». Le député estime à ce titre que « le dispositif actuel ne permet pas une bonne protection des consommateurs (et que) le dispositif légal n’est pas assez dissuasif ».
On ne peut pas lui donner tort. En témoigne le dernier rapport du Médiateur de l’énergie, publié en mai 2018, selon lequel les litiges rapportés par les consommateurs étaient en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. « Le client est au bord de l’overdose », assure encore le médiateur Jean Gaubert, qui pointe, toujours dans un secteur de l’énergie désormais ouvert à la concurrence, les dérives de sociétés comme Engie, Total Spring ou Eni. Pour conquérir de nouvelles parts de marché, ces entreprises font régulièrement appel à des sous-traitants, dont les démarcheurs, payés à la commission, n’hésitent pas à mentir aux clients en se faisant passer pour des employés d’EDF, voire à profiter de la faiblesse de personnes âgées, qui se retrouvent pieds et poings liés avec des contrats qu’elles n’ont jamais souhaité signer.
L’impunité règne-t-elle donc dans le secteur du démarchage à domicile ? Plus pour longtemps, si l’on en croit la très lourde condamnation dont vient d’écoper Engie, dont la cour d’appel de Versailles a estimé, le 14 mars, qu’elle a « engagé sa responsabilité du fait de négligences fautives en omettant de prendre les moyens d’un suivi et d’une surveillance efficace de sa campagne de démarchage », condamnant l’entreprise à verser un million d’euros de dommages et intérêts à EDF. Un montant aussi historique que dérisoire, pour une société qui a réalisé, en 2017, 65 milliards d’euros de chiffre d’affaires. La nouvelle croisade de Christophe Naegelen ne fait donc que commencer, ce que le parlementaire confirme en ces termes : la question « du démarchage à domicile est tout aussi importante et s’intéresser à son encadrement, toujours dans la volonté de protéger le consommateur, est la suite logique de ma démarche ».