Au-delà de leurs nombreuses et réelles divergences, le candidat arrivé en tête de la primaire de LR, l’ancien journaliste frais émoulu candidat à la présidentielle, et la serial-candidate de la droite nationale, sont clairement embarqués dans le même bateau. Mais s’agit-il du radeau de la Méduse, du Titanic, ou encore du France ?
Très clairement, la réponse leur appartient. Le message envoyé par les adhérents de LR à l’issue du premier tour de scrutin est d’une limpidité absolue. Vu les forces et les égos en présence, il est fort probable que le résultat eut été le même, si le champion de la droite avait dû être désigné au premier tour. Et nonobstant les logiques d’appareil, de clientélisme, l’influence des réseaux occultes, rien ne dit qu’Eric Ciotti ne peut pas rester en tête également au second. Quand bien même : s’il perd samedi, même par dix points d’écart, la fracture au sein de LR sera consommée. Tout autant d’ailleurs s’il gagne. Edouard Philippe regarde l’Horizons en se frottant les mains.
Primaire LR : Ciotti a déjà gagné, et pas encore perdu
Personne n’est dupe quant au choix du 5 décembre par Eric Zemmour pour son premier meeting de campagne. Au lendemain du second tour de la primaire des LR, ce sera LE sujet. Les rumeurs de « surprises » fusent, mais la première d’entre elle sera bien évidemment ce qu’en dira celui qui attire depuis deux mois entre 13 et 19 % des intentions de vote sur son nom, dépassant parfois Marine Le Pen, et toujours le « meilleur » des candidats de LR, en l’occurrence Xavier Bertrand, renvoyé à sa niche par les militants.
Si Pécresse l’emporte finalement, on sait globalement déjà ce que Zemmour en pense, et donc, en dira. Mais si Eric Ciotti l’emporte, alors… tout est possible. N’a-t-il pas déclaré qu’en cas de second tour Zemmour-Macron, il voterait pour l’ex-polémiste ? Eric Zemmour n’a-t-il pas volontairement épargné Eric Ciotti dans son clip de déclaration de candidature, à l’exception de tous les autres ?
Enfin, il y a celle qui se voudrait à la barre du navire, forte de ses deux précédentes candidatures à la présidentielle, de ses 34 % des voix face à Macron et surtout de ses 10,6 millions d’électeurs. Quand on compte les ficelles sur la manche des officiers sur le pont, il est incontestable que la Marine (…) en a plus que les commandants Ciotti et Zemmour. Sans compter les cicatrices, à grands coups de sabre d’abordage.
Qui de Ciotti, Zemmour ou Le Pen a une âme d’amiral ?
Voilà, aujourd’hui, le problème que doivent résoudre les chefs de flottille de la droite française, les plus à même à faire un brin de chemin ensemble. Sachant qu’aussitôt embarqués, dans la même aventure, dans la même armada, déterminés à prendre le même cap, il leur faudra, et ils en sont parfaitement conscients, affronter une de ces tempêtes que de mémoire de marin, on n’a pas vu depuis longtemps. Et que l’on ne rêve pas d’affronter tous les jours. Mais ceci est une autre histoire.