La Corée du Sud abat ses cartes : offensive à 23 milliards d’euros pour l’industrie des puces

Le 15 avril 2025, le gouvernement de la Corée du Sud a dévoilé une initiative colossale pour soutenir son secteur des semi-conducteurs, au moment où les tensions commerciales avec les États-Unis, sous l’effet de la politique douanière de Donald Trump, replongent l’industrie mondiale dans l’incertitude. En engageant plus de 23,2 milliards d’euros dans un plan d’aide inédit, Séoul ne se contente pas de sauver ses fleurons industriels : elle entend défendre sa souveraineté technologique, sur fond de rivalités croissantes entre Washington, Pékin et Taipei.

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By La rédaction Politique Matin Published on 15 avril 2025 10h00
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La Corée du Sud abat ses cartes : offensive à 23 milliards d’euros pour l’industrie des puces - © PolitiqueMatin

Une riposte industrielle massive : la Corée du Sud entre dans l’arène

Le montant n’a rien d’anodin. 33 000 milliards de wons – soit environ 23,2 milliards d’euros – seront injectés dans l’industrie des puces électroniques, a annoncé le ministère des Finances. Ce chiffre représente une hausse de 27 % par rapport au précédent plan, datant de mai 2024. Le gouvernement justifie cette escalade par « la faiblesse structurelle des semi-conducteurs de systèmes en Corée et les incertitudes accrues liées à la nouvelle administration américaine », selon un communiqué officiel cité par Yonhap News.

En ligne de mire : les menaces tarifaires de Donald Trump. Depuis sa réélection, l’ancien président multiplie les annonces visant à taxer davantage les composants technologiques étrangers, notamment asiatiques. Les semi-conducteurs coréens, déjà essentiels à l’économie mondiale, pourraient en faire les frais. Une perspective que Séoul prend au sérieux.

Des bénéficiaires clairement identifiés : Samsung et SK hynix en pole position

La stratégie gouvernementale cible les géants Samsung Electronics et SK hynix, tous deux impliqués dans des projets majeurs autour de clusters industriels à Yongin et Pyeongtaek, au sud de Séoul. Ces zones bénéficieront d’investissements directs dans les infrastructures souterraines de transmission électrique, selon les précisions du ministère relayées par Yonhap News Agency.

À cela s’ajoutent 20 000 milliards de wons (14,1 milliards d’euros) sous forme de prêts à taux réduit pour les entreprises du secteur sur la période 2025-2027. Le plan prévoit aussi une expansion des installations de R&D, ainsi que le financement de centres de vérification pré-prototype pour les semi-conducteurs de nouvelle génération.

La recherche de talents figure également au cœur de l’ambition sud-coréenne : le gouvernement entend attirer « des experts de haut niveau venus de l’étranger », tout en soutenant les doctorants et ingénieurs locaux spécialisés dans les technologies avancées des circuits.

Un rempart contre Trump et Pékin : technologie et souveraineté à la manœuvre

Derrière cette avalanche de chiffres, une réalité géopolitique brute. En 2024, la Chine représentait 32,8 % des exportations de puces sud-coréennes, contre seulement 7,5 % pour les États-Unis. Une dépendance structurelle envers Pékin qui coexiste paradoxalement avec une exposition croissante aux décisions protectionnistes américaines. Pour Séoul, il devient vital de diversifier ses débouchés tout en renforçant son autonomie technologique.

Ce plan d’aide ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans une accumulation progressive de soutien public, amorcée en 2023 avec une première enveloppe de 15 000 milliards de wons, relevée à 26 000 en 2024, puis désormais à 33 000. L’annonce du 15 avril est donc un jalon stratégique, autant qu’un acte de défiance.

Du côté du gouvernement, la tonalité est mesurée, mais ferme. L’objectif est de bâtir un écosystème privé-public d’innovation, où les capitaux publics servent de levier, et non de béquille. « Le but est de favoriser une approche menée par le secteur privé », souligne la déclaration du ministère des Finances publiée par Yonhap.

Alors que le monde s’enfonce dans une nouvelle phase de fragmentation industrielle, la Corée du Sud trace sa voie. Investissements massifs, soutien ciblé, diplomatie discrète mais offensive : tout indique que Séoul entend jouer dans la cour des géants. Et surtout, ne plus jamais être prise au dépourvu par un tweet présidentiel ou une taxe surprise.

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