Dans la dernière enquête Ifop pour Paris Match, François Hollande gagne donc 21 points. Contre tout espérance, ce ne sont curieusement pas les responsables du malheur qui sont montrés du doigt (les Taubira, Cazeneuve, Valls...), ni même les islamistes radicaux qui ont assassiné l'équipe rédactionnelle de Charlie hebdo et les juifs de l'hyper casher — mais des journalistes, éditorialistes ou écrivains (comme Zemmour ou Philippe Tesson ou Houellebecq...) qui sont censurés et interdits de parole. Et cela au moment même où tous les beaux esprits citent Voltaire et parlent de défendre avec courage la liberté d'expression. Il est vrai que, pour eux, il ne peut s'agir que de la seule liberté d'expression de ceux qui pensent comme eux ou comme "Charlie"...
Les vrais responsables ne sont pas sanctionnés
• Taubira est la ministre qui aura relâché de prison — avant même qu'ils n'aient purgé la totalité de leur peine — les terroristes ayant commis leur carnage sanglant. Mais elle est toujours au Gouvernement. En tant que ministre de la justice, sa priorité n'a pas été de surveiller et garder les djihadistes en prison, ni de contrôler les sorties anticipées de terroristes, ni d'empêcher leur radicalisation en prison, ni même de remédier à l'état effrayant du système carcéral. Non, sa seule obsession aura été les écoutes d'un ancien Président de la République et la condamnation des caricatures la concernant elle ; évidemment pas celles dessinées par Charlie hebdo visant le prophète, le pape, les chrétiens ou les juifs qui lui étaient indifférentes.
• Cazeneuve lui aussi est toujours au Gouvernement et profite également de l'embellie des sondages. Il est pourtant l'homme qui n'a pas vu entrer les djihadistes sur le territoire et qui ne les a pas non plus vus repartir. Il était n'importe comment bien trop occupé à s'acharner contre les sentinelles et les veilleurs pacifiques contre lesquels il aura pourtant déchaîné ses policiers. Avec son collègue de la Défense, il aura été incapable d'organiser efficacement les services de renseignement pour lutter contre un djihad qu'il ne considère pas comme un délit. Alors que les frères Kouachi, responsables de la tuerie, étaient connus des services de police, connus de Washington et soupçonnés de liens avec le terrorisme international, leur suivi a fait l'objet d'un arrêt de prise en charge directe par la structure centrale de la DGSI... Comme a fini par le reconnaître Manuel Valls : "quand il y a 17 morts, c'est qu'il y a eu des failles". Eh oui : Coulibaly aurait du être en prison et les Kouachi n'étaient plus surveillés, et pourtant ni Cazeneuve, ni Le Drian ne se sont expliqués sur les défaillances du dispositif de surveillance antiterroriste. La vérité n'a pas été dite, les enseignements n'ont pas été tirés et ils sont toujours au Gouvernement.
• Najat Belkacem est la ministre de l'Education nationale qui, après les attentats, a cherché à minimiser tous les refus d'observer la minute de silence, les apologies des terroristes ("Je ne suis pas Charlie" ou "Je suis Coulibali) et les propos antisémites... Celle qui favorisait l'accompagnement des sorties scolaires par des femmes voilées et ne s'était pas émue du retrait de l'autorité des enseignants et du retrait de la transmission des valeurs républicaines découvre tout à coup que la République a un problème au sein de son Education nationale et que l'école est en première ligne et pas à la hauteur de la transmission des valeurs...
En deux jours, Hollande aura réussi à déchaîner la fureur du monde arabe contre la France
• Lors de la "marche républicaine" de dimanche, Hollande aura invité des chefs d'État bien peu fréquentables — dont certains répriment la liberté d'expression avec la plus grande brutalité dans leurs propres pays... Mais peu lui importait : en défilant avec eux dans une rue totalement vide, il aura réussi à gagner 21 points dans les sondages... Occuper les médias valait donc la peine. Mais en défilant non pas pour défendre la liberté tout court — mais pour défendre la liberté d'expression de Charlie hebdo — il aura lui-même créé un amalgame très dangereux. Car ce qui était visé par les terroristes c'était la liberté de vivre selon nos lois. Pourquoi alors avoir cherché à faire croire que ces attentats avaient été commis contre la seule liberté de caricaturer et de blasphémer — quand c'était l'âme de la France qui était visée. Une attaque terroriste était perpétrée contre la liberté des Français. C'était suffisant et il n'était pas bon d'en faire seulement un combat pour défendre des caricatures.
• À l'initiative de Jack Lang, Hollande aura également été celui qui aura accepté que soit écrit les mots "Je suis Charlie" sur la façade de l'Institut du Monde arabe, en immenses lettres rouges de 3 mètres de haut — provoquant une réaction mondiale de haine de la France dans tous les pays musulmans. Mais peu importe, les Français sont ravis : + 21 points !
• Résultat : partout dans le monde, des milliers de manifestants hurlent aujourd'hui leur haine des Français au Niger, en Palestine, en Jordanie, en Algérie, au Mali, au Pakistan, au Qatar etc etc... Devant toutes nos ambassades et consulats, des musulmans brûlent des drapeaux français et crient "mort à la France". Partout des Français sont menacés de mort pour le soutien affiché du Président français à un journal qui offense leur prophète. Les images du monde musulman qui s'embrase contre la France sont terrifiantes. Des années de diplomatie auront été nécessaires pour nouer des relations non conflictuelles avec tous ces pays. En deux jours, Hollande aura réussi à tout mettre par terre. Sans même parler de la déchirure de l'unité en France, il faudra des décennies pour éteindre cet incendie international déclenché par cet impair diplomatique.
Il est facile ensuite de dénoncer "l'islamophobie"....
Depuis l'attaque de Charlie Hebdo, une centaine d'actes antimusulmans ont été recensés en France par l'Observatoire national contre l'islamophobie. Il n'y a pas d'Observatoire national contre la Christianophobie ou contre l'antisémitisme — et donc Hollande répète seulement qu'il faut "être intraitable envers les actes anti musulmans". D'où la crainte des chrétiens qui voient leurs églises profanées ou la peur des juifs qui voient se multiplier les appels à émigrer en Israel pour fuir une France désormais ouvertement antisémite et incapable de protéger ses citoyens.
Allez vous étonner ensuite — devant tous ces drapeaux Français brûlés ou toutes ces menaces de mort contre des Français proférées par des islamistes — que les gens cèdent inconsciemment aux amalgames et aient de la peine à distinguer entre islam radical, musulmans terroristes, djihadistes de Daech si les musulmans modérés restent étrangement silencieux. Allez vous étonner qu'ils ne s'agacent pas d'entendre parler – depuis des mois et des mois et vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la radio ou la télévision – d'islam radical, de musulmans en colère, d'islamistes terroristes, de djihadistes criminels, de radicalisation dans les prisons, de burqas illégales, d'égorgeurs de l'État Islamique, de prêches d'imams radicaux dans les mosquées, etc ... Difficile d'éviter l'amalgame comme ils disent ...
Le terrifiant silence des pantoufles et des babouches...
Y aurait-il le moindre amalgame si, depuis des mois, la majorité des musulmans modérés s'était opposée fermement à la minorité terroriste, et avait condamné avec vigueur les égorgeurs de l'État Islamique ? Cette majorité est pourtant restée étrangement silencieuse et très peu de musulmans ont participé à la marche républicaine du 11 janvier tant ils étaient hostiles aux caricatures de Charlie Hebdo.
Tous les amalgames sont condamnables. Mais ils naissent peut-être de ces retraits et de ces silences assourdissants. Depuis des mois, les hauts dignitaires musulmans – et aussi la communauté musulmane modérée dans son ensemble — auraient peut-être du inlassablement condamner les dérives extrémistes de l'islamisme politique plutôt que de dire que cela n'avait "rien à voir avec l'islam religion d'amour et de paix" ... Le jour où les massacres de l'État Islamique provoqueront plus de colère chez les musulmans que les caricatures de "Charlie", alors les amalgames s'arrêteront d'eux-mêmes.
Pire que le bruit des bottes et des kalashnikov, c'est le silence des pantoufles et des babouches qui est le problème !
En tout cas une chose est sûre : tout cela est vaiment beaucoup trop grave pour que le destin de la Nation soit laissé à des politiciens amateurs faisant des petits calculs électoraux les yeux rivés sur les sondages d'opinion en vue des prochains scrutins.