Lors des dernières élections départementales, plus d'un Français sur deux (56%) ne s'est pas rendu aux urnes, confirmant ainsi le désintérêt croissant des Français pour la chose publique.
Seules les élections présidentielles et municipales semblent épargnées par cet abstentionnisme de masse. Face à cette situation inquiétante pour la démocratie, je salue le débat initié par le Sénat et l’Assemblée nationale sur l’opportunité de rendre le vote obligatoire dans notre pays.
Le fait de se rendre aux urnes n’est pas seulement un droit, c’est aussi un devoir
Il s’agit d’un acte de civisme essentiel, au même titre que le paiement des impôts, la participation à un jury, l’obligation scolaire ou, auparavant, l’obligation de servir dans l’armée. L’exercice du droit de vote est indissociable du devoir que les citoyens ont à l’égard de la société. Il est l’outil central et fondamental de tout système démocratique.
Le vote obligatoire permet l’expression de l’ensemble de la population, donc une meilleure représentativité
Plusieurs études et sondages d’opinion montrent que, lorsque le vote n’est pas obligatoire, ce sont essentiellement les personnes sociologiquement les plus défavorisées qui boycottent les urnes. Or, la démocratie tire sa force du fait que les élus représentent le peuple dans sa totalité et pas uniquement la frange la plus cultivée et intéressée par la politique.
Le vote obligatoire donne une plus grande légitimité aux élus
L’abstention dans nos démocraties pose un problème important de légitimité des élus. Comment peuvent-ils encore prétendre représenter la majorité de l’opinion quand une majorité de citoyens ne se déplacent pas pour aller voter ? La participation est logiquement plus élevée lorsque le vote est obligatoire, donnant une plus grande légitimité aux élus puisque leur élection résulte du choix du plus grand nombre.
Le vote obligatoire permet de mesurer précisément l’opinion de l’électorat
Le vote blanc ou nul est dans ce cas presque toujours un acte d’expression politique, ce qui n’est pas le cas du vote libre, où l’abstentionnisme a de multiples autres causes. Il est dès lors plus facile de mesurer la déception de l’électeur, son mécontentement, ou son rejet du système, pour ensuite mieux le prendre en compte.
Bien sûr, le vote obligatoire n’exempte pas de la nécessité d’entretenir la démocratie, de rendre les débats plus transparents, d’informer et de former les électeurs à la citoyenneté. Mais contrairement à la liberté de vote, il offre ce dont la démocratie a besoin, à savoir une représentation fidèle de l’ensemble des citoyens dans la sphère politique et des élus légitimes. Pour toutes ces raisons, et parce qu’il nous donne l’opportunité de rebâtir la société du 21ème siècle, avec son indispensable lien social, ses droits et ses devoirs, je suis favorable à la proposition de rendre obligatoire l’exercice du droit de vote.