Le référendum, outil de démocratie directe si rarement utilisé sous la Cinquième République, pourrait-il revenir au centre du jeu politique ? Un sondage Ipsos-CESI réalisé pour La Tribune Dimanche révèle un fait sans appel : 88 % des Français sont favorables à l’organisation de référendums.
Démocratie : 9 Français sur 10 veulent des référendums

Emmanuel Macron a lui-même ouvert la porte à un recours au référendum lors de ses vœux de fin d’année, une annonce qui alimente des espoirs. Mais le même Emmanuel Macron est plutôt opposé à ce type de procédé. Le chef de l’État prendrait-il le risque d’organiser une consultation qui pourrait se transformer en plébiscite à son encontre ?
Un engouement populaire massif pour le référendum
L’adhésion massive à l’idée d’un référendum ne date pas d’hier. Déjà en 2019, la crise des Gilets jaunes avait remis sur la table le concept de Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC). Mais si l’exécutif avait alors écarté cette revendication, la demande des Français, elle, n’a jamais faibli.
Selon le sondage Ipsos-CESI publié le 9 février 2025, près de la moitié des personnes interrogées (48 %) se disent "tout à fait favorables" au recours aux référendums, un niveau de soutien qui en dit long sur la fracture entre citoyens et gouvernants.
Quels sujets pour un référendum ?
Si le soutien global au référendum est massif, il est intéressant de noter que tous les sujets ne suscitent pas le même engouement. Là encore, le sondage Ipsos-CESI pour La Tribune Dimanche dévoile des attentes précises.
Le thème de la fin de vie apparaît comme celui qui cristallise le plus les espoirs de référendum. 84 % des Français souhaitent qu’un référendum soit organisé sur cette question, dont 53 % qui s’y disent totalement favorables. Mais les questions budgétaires et fiscales figurent également en tête des préoccupations. L’endettement de l’État, la répartition des dépenses publiques ou encore la fiscalité sont devenus des sujets brûlants, notamment depuis l’annonce de nouvelles mesures d’austérité et les récentes hausses d’impôts. 78 % des sondés estiment qu’un référendum devrait être organisé sur ces sujets.
L’immigration est un autre thème central, avec 74 % des Français favorables à une consultation populaire sur les politiques migratoires et l’accueil des étrangers.
Le référendum : un outil à double tranchant pour Emmanuel Macron
Si Emmanuel Macron décide d’organiser un ou plusieurs référendums, il ne pourra ignorer un autre élément clé du sondage Ipsos-CESI : 25 % des Français déclarent qu’ils utiliseraient un référendum avant tout pour exprimer leur opposition au président. Ce chiffre grimpe à 42 % chez les sympathisants de La France Insoumise et 41 % chez les électeurs du Rassemblement National.
L’exécutif le sait : un référendum n’est jamais seulement une question de fond, il devient très vite un test politique pour le gouvernement en place. La crainte pour Emmanuel Macron serait de voir un référendum se transformer en un rejet massif de sa politique, voire de sa personne. La question n’est plus de savoir si les Français veulent des référendums, mais si le gouvernement prendra le risque d’en organiser. Et surtout, si ces consultations permettront d’apaiser les tensions ou si elles ne feront que renforcer la fracture politique actuelle.