Q1 : Approuvez-vous ou non le choix des ministres issus du Modem (François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard) de quitter le gouvernement ?
- Sous total « Approuvé » : 85 %
- Sous total « Désapprouvé » : 13 %
- NSP : 2 %
85% des Français interrogés approuvent le choix des ministres MODEM (visés par une enquête) de quitter le gouvernement
Le remaniement qui a suivi les élections législatives et qui avait été annoncé comme un remaniement technique a finalement été l’objet du règlement de la première crise potentielle du quinquennat qui commence. Non seulement, Richard Ferrand – ministre de la cohésion des territoires – a dû quitter le gouvernement pour se présenter à l’élection de président du groupe majoritaire LREM à l’Assemblée nationale, mais les trois ministres issus du MODEM, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez et François Bayrou, visés par une enquête préliminaire, soupçonnant le recours à des emplois fictifs au sein du parlement européen, ont ainsi dû démissionner.
85% des Français interrogés approuvent cette décision. Ce résultat appelle, en communication, deux commentaires :
- D’abord, que le sujet de la moralisation de la vie publique, présent tout au long de la campagne électorale présidentielle, a irrigué une grande majorité de l’opinion publique à tel point que celle-ci préfère manifestement assister à la démission d’un homme ou d’une femme politique, dès le premier acte de procédure : l’enquête préliminaire, plutôt qu’après une éventuelle mise en examen. Auparavant, la règle tacite en vigueur était celle de 1993, à l’époque où Edouard Balladur était Premier ministre.
Elle dispose qu’un ministre mis en examen doit démissionner de son poste. Dans le cas des ministres MODEM, la décision de démissionner arrive au moment du déclenchement de l’enquête, c’est-à-dire extrêmement tôt dans le déroulé de la procédure et bien plus tôt qu’une éventuelle mise en examen, qui sera ou pas, la conséquence de l’enquête. C’est une première et nous assistons donc à un durcissement de fait de l’usage visant le comportement des hommes politiques face à des soupçons de nature délictuelle. Une fois de plus, le temps médiatique, plus rapide et instruisant plus souvent à charge qu’à décharge que le temps judiciaire, aura eu un effet sur la carrière de plusieurs dirigeants politiques.
- Le deuxième commentaire vise François Bayrou lui-même. Peut-être paye-t-il les conséquences de 20 ans de vie politique où il a érigé la vertu comme principe intangible de son action politique ? En effet, comme pour François Fillon pendant la campagne, il apparait qu’un discours politique et qu’un système de communication qui ne correspond pas à la réalité constatée est toujours lourdement sanctionné par l’opinion publique. Celle-ci considère en creux que la présomption d’innocence ne s’applique plus à ceux qui, ayant fait de la vertu un étendard politique, se retrouvent soupçonnés par la police ou la justice d’avoir commis un délit. François Bayrou ne fait pas exception à cette règle de communication politique devenue intangible dans la période de transparence qui est la nôtre. En politique comme dans d’autres matières, comme l’écrivait Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».
Q2 : Diriez-vous que la création d’un groupe parlementaire commun entre les députés du centre droit (UDI) et des députés Les Républicains voulant adopter une attitude ouverte vis-à-vis du gouvernement est une bonne ou une mauvaise chose ?
- Sous total « bonne chose » : 70 %
- Sous total « mauvaise chose » : 28 %
- NSP : 2 %
70% des Français interrogés considèrent que la création d’un groupe parlementaire rassemblant des députés de LR et de l’UDI, voulant adopter une attitude ouverte vis-à-vis du gouvernement, est une bonne chose.
Voici un résultat qui montre que les Français interrogés valident le divorce de la droite parlementaire. En effet, sous l’impulsion de Thierry Solère – député LR des Hauts-de-Seine – et avec le concours des députés UDI, s’est créé un groupe parlementaire dont les commentaires du positionnement politique à l’Assemblée nationale sera un des sujets majeurs de la rentrée parlementaire.
En se positionnant en soutien « constructif » du président de la République et du Premier ministre, ce groupe « LRCUI » vient perturber l’organisation habituelle de l’Assemblée nationale construite autour d’une majorité et d’une opposition. Cette organisation vole en éclat avec la création de ce groupe, qui est « en même temps » dans la majorité et dans l’opposition. La création de ce groupe politique, validée par une large majorité de l’opinion publique appelle deux commentaires :
- C’est d’abord, d’un point de vue politique, la validation de la volonté du couple exécutif de recomposer le paysage politique en France. En cela, après avoir siphonné l’électorat de gauche pendant la campagne présidentielle et avoir asséché le parti socialiste pendant les élections législatives, le président de la République et le Premier ministre ont réussi à déstabiliser l’aile droite de l’échiquier politique. Non seulement, ils sont assurés d’avoir une majorité confortable à l’Assemblée nationale, mais ils s’assurent même et plus singulièrement le Premier ministre, un groupe d’appoint. C’est plutôt bien joué de leur part. Au moins à court terme. A plus long terme, le risque politique est de voir un groupe majoritaire avec des satellites uniquement défiés dans l’hémicycle par l’extrême gauche d’un côté et l’extrême droite de l’autre. Avoir les deux extrêmes comme seule opposition n’est pas véritablement ce que l’on peut appeler un signe de bonne santé démocratique tant il est impossible de considérer qu’une telle situation favorise le débat d’idées.
- En communication, toute la question est de savoir si une telle position à une chance de perdurer dans le temps. Il apparait simple en ce début d’un quinquennat, et alors que l’exécutif jouit d’un petit état de grâce auprès de l’opinion publique, de le soutenir et de bénéficier d’une partie de cet état de grâce. Toute la question en communication sera de savoir si ce groupe pourra tenir cette position consensuelle durablement ou s’il devra revenir à sa famille d’origine ou encore s’il ne se fondra pas dans le groupe majoritaire.
Quoi qu’il en soit et alors que vient de s’achever plus d’un an de campagnes électorales, on doit assumer que le paysage politique a été transformé comme jamais depuis 1958, que la manière de faire de la politique et de la communication politique ont été bouleversés.
Et maintenant : au travail !
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 22 juin 2017